Friday, November 22, 2013

L e Spectacle du siècle


Benjamin m’avait fait passer — pour m’inviter — dans « la presse » (j’ai 0 budget pour sortir, la pauvreté faisant son trou, j’ai supprimé ce budget). Il se justifiait en me disant : « Tant de gens « journalistes » écrivent des blogs que personne ne lit, alors que le tien… — Mais, mon chéri ! personne ne lit mon blog et Dieu soit loué !,  étais-je obligé de me lui récrier, mon père le lit (c’est bien assez). » (Ce blog, d’ailleurs, me sert plutôt à me séparer des gens que le contraire, je ne supporte qu’on m’aime qu’en totalité ou rien ; je ne supporte pas la critique, le côté « Puisqu’on est ami, je te tape sur l’épaule pour te dire que t’as raté ». Raté quoi ? Pauv’e mec, va ! (on n’est plus ami). L’amitié, c’est la seule définition de ce que nous faisons. (Si j’employais le mot amour, je serais encore plus mal compris.) Il faudrait que je relise ces livres, d’ailleurs, L’Amitié, L’Erotisme, de Francesco Alberoni.) Les lumières s’éteignent, nous sommes à L’Athénée, une des plus belles salles de Paris et l’ogre Olivier Martin-Salvan pénètre avec une lampe torche qu’il dirige sur nous et ça commence, mais — est-ce lui ? — il est couvert de fourrures. On comprend tout alors qu’on ne comprend rien. Comme c’est beau, ce qu’il fait ! comme c’est difficile : il a appris le texte par cœur et ça ne se voit pas. C’est admirable : ça ne se voit pas. C’est la différence entre les acteurs... les bons acteurs et les grands acteurs. Les grands acteurs arrivent à cacher la peur qu’on voit toujours sur les acteurs simplement bons à l’idée du trou de mémoire. Olivier Martin-Salvan est méconnaissable pas seulement par la lumière sublime qui en fait un Rembrandt en mouvement, un Rembrandt vivant, mais probablement par l’habitation d’outre-tombe que lui donne ce texte : quoi de plus lointain et pourtant de plus vivant que Rabelais ? Rendez-vous compte : s’il n’y avait pas Rabelais… bien sûr, il y aurait les autres ! et Montaigne et Proust et Céline et Saint-Simon, mais, sans Rabelais, je crois, ça ne vaudrait même pas la peine de vivre en France, enfin : de se dire fier de ce pays. Les Allemands ont Goethe, les Italiens Dante, les Portugais Pessoa, les Espagnol Cervantès, les Anglais Shakespeare, en France, on n’a personne, je veux dire : plein de gens, mais pas un nom unique. Victor Hugo ? Et pourquoi ne désignerait-on pas Rabelais comme celui qui nous représente tous ? Si c’était le cas, la France ne serait ni raciste ni folle, ni débatteuse ni contradictoire, ni sotte ni intelligence, ni violente ni douce, ni riche ni pauvre… elle serait vivante, elle serait la France ! contre laquelle personne ne pourrait rien, ni l’ennemi de l’extérieur ni l’ennemi de l’intérieur (bien pire). C’est tout ce que j’ai à vous dire parce que le spectacle est si bon que j’aimerais en profiter ! Merci. Excellent. 5 étoiles de la rédaction. Je pourrais voir ce spectacle tous les jours, son excellence est intarissable comme la vie et l’amour, la joie de vivre. Olivier Martin-Salvan, c'est tous les monstres sacrés ! Triomphe. Applaudissements aussi longs qu'à Pina Bausch...

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