Sunday, December 01, 2013

L e Dernier des cons


Je suis le dernier des cons, Jean-Michel, je n’ai pas aimé ta performance au point de devoir m’enfuir en direct comme tu as vu. Je n’ai rien à dire là-dessus — des plates excuses — la sensibilité, on n’en a qu’un bout, malheureusement, et la mienne s’est arrêtée à ta porte, je veux dire qu’elle est restée dehors. Pourtant, à travers ma paresse, j’ai vu que les textes avaient l’air superbe, mais… Désolé encore… Yves-Noël


— C'est joli comme tu le dis... je n'ai pas vu que tu avais fui. On ne doit pas être désolé de ne pas aimer les choses, et si tu dois être désolé c'est seulement de l'être (de dire que tu l'es). Pourquoi devrait-on tout aimer ? (J'aime ta franchise ici exprimée.) Je suis nietzschéen jusqu'à la moelle, il faut savoir aussi détester, ou ne pas aimer, et le dire. Je déteste qques artistes contemporains qu'IL NE FAUT PAS DETESTER. Et alors ? est-ce mal ? Non, c'est une histoire de chimie qui passe dans les veines. Maintenant, sur un plan professionnel, si tu veux (ou peux) me dire pourquoi tu n'as pas aimé (je parle technique, situation, geste), ça m'intéresse, mais je peux aussi comprendre que tu ne saches pas pourquoi, etc., etc. Après tout... Juste une chose, je fais des lectures, pas vraiment des performances (ce mot est d'ailleurs tellement à vomir — mis à toutes les sauces, cache-misère, paresse, attrape-gogo) et je revendique mon statut d'écrivain, pas de metteur en scène ni de performer (cf dernière incise entre parenthèse) (à l'inverse de l'excellent A.J. Chaton, par exemple, ou des expressionnistes type Pennequin, héritiers de la vieille tradition dadaïste, immédiatement « spectaculaires »). Je suis un corps d'écrivain se démerdant sur scène avec ses textes, tu as manifestement bien senti ça... Merci en tt cas de cette franchise. Ne sois désolé que de l'être. Bises JM


— Ecoute, si, je pourrais t’en dire beaucoup. Je crois que je me suis même dit : « Par où commencerais-je ? » et : « Y aurait du boulot ! » Mais tu vois, si je m’exprime ainsi, qu’il s’agit bien de déformation professionnelle (et uniquement), mal plus dangereux qu’on ne le croit et qui nous guette tous : on ne voit plus que par son petit trou de lorgnette et, évidemment, tout ce qui n’entre pas dans le petit faisceau doré de sa vision, fossé doré, ornière dégagée (qu’on croit avoir dégagé), sillon ceci, eh, bien, n’y rentre pas et on est mal. Cela dit, ça m’amuserait à l’occasion, peut-être, de te « coacher » et, de toute façon, tu en ferais sans doute un texte superbe (de cette expérience…) ! Il faudra qu’on en parle… Des bises, content que tu n’aies pas l’air d’avoir trop mal pris mon impudence ! By the way, il y a un projet de reprise de L’Invention à Toulouse, je te dirai…


— Non, au contraire, je préfère ça aux « tu a encore été exceptionnel… »). Quelle poisse les compliments, on ne sait pas les évaluer ! ça me colle aux oreilles comme un chewing-gum à la semelle. Et au fond, je m'en fiche (des faux compliments, comme des sincères, qd on les reconnaît). Mais, à l'occasion, oui, parle-m'en de manière critique. Tu sais, je ne suis jamais très à l'aise (je ne parle pas de trac, bien sûr, je ne l'ai pas, je suis même tjrs assez excité par la scène) sur scène dans une logique de pur univers esthétique. Sauf quand je fais de la musique, mais c'est autre chose, groupe, musique (pas les mêmes publics, etc.). je ne suis pas un performer, je lis mes textes parfois sonorisés (comme les derniers que j'ai lus, l'autre soir), mais je ne me sens pas tt à fait dans mon job. Et quant à ce petit bout de la lorgnette, je suis pareil quand je lis mes pairs ! Au fond, je n'aime que mes livres !!!!;-))))) (c'est un peu exagéré mais c'est pas loin de la vérité;-)). Ravi pour Toulouse, inch'Allah ! Let's keep, etc. Bises.




— « Des compagnons, voilà ce que cherche le créateur et non des cadavres, des troupeaux ou des croyants.
Des créateurs comme lui, voilà ce que cherche le créateur, de ceux qui inscrivent des valeurs nouvelles sur des tables nouvelles. » C'est de Nietzsche, non, ça ?



— Et aussi « Qu'aimes-tu chez les autres ? Mes espérances » (Le Gai Savoir)...

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