Saturday, March 08, 2014

J 'adore


Je voulais juste ce soir vous remercier encore : je me sens comme en vacances, preuve du travail accompli. Je suis fatigué, mais, encore une fois : bonne fatigue ! et je vous tiens au courant de la suite, évidemment, tout de suite, mais merci déjà pour ces 3 jours de rêve ! Des choses absolument sublimes se sont passées. Je râle parfois quand on passe du sublime à l’étage au-dessous, par impatience (le principal défaut de l’homme, selon Kafka). J’aime quand je vous vois épanouis dans ce travail (et je ne supporte pas quand vous l’êtes moins…) ; c’est comme ça : votre plaisir total serait le mien. Mais, franchement, que de merveilles ! J’ai aimé la joie (simple et humble) de Simon de retrouver si naturellement les sensations de septembre, la disponibilité de septembre, j’ai aimé cette scène qui s’est inventée à partir de cette qualité qu’il a amené, avec Louis, puis Perle, Fernanda… les couleurs des costumes et des accessoires parfaits… ces teintes d’automne… J’ai aimé le trio Jeanne-Bertrand-Mario, un peu moins aujourd'hui (mais je pense savoir pourquoi) et beaucoup hier et avant-hier, dans son « état de l’apparition » (comme dit Marguerite Duras à la fin de son roman Emily L.), état qu’il faut absolument retenir, recréer, redonner (« invoquer » est le vrai mot) pour ce genre de beauté que nous recherchons (l’esquisse, la vie plutôt que le tableau achevé, n’est-ce pas ?) J’ai aimé le quintette Ana-Pietro-Soleïma-Damien-Boris, beaucoup, c’est très, très riche et il faut transformer cette richesse, cette prodigalité en vraie richesse, c’est-à-dire se méfier de l’entropie, mais considérer que rien ne se perd, que tout se récupère, il faut que vous reteniez, que vous célébriez ce que vous avez dépensé, que vous le sauviez de la mort, que l’énergie que vous dépensez (et il en faut !) soit une énergie qui vous donne… comme peut-être ces machines — j’ai oublié leur nom — qui pourraient fonctionner à l’infini à partir d’une première impulse (machines sans doute utopiques, sans entropie aucune). J’ai aimé — beaucoup — les duos Ana-Mario… J’ai aimé tout à l’heure, le très, très beau moment (extraordinaire) d’évidement de l’espace qu’a réalisé Bertrand, Jeanne près de la porte. Etc. J’adore que Jeanne se mette face contre terre et chante Mon Dieu, j’adore le gnome gris-violet de Pietro, j’adore le Dante dans le costume américain, j’adore ce que Youness appelle le Jérôme Bosch quand Pietro a la robe plissée autour du cou (et la tranche de jambon…), j’adore le jeu de cacher Boris qui est tout nu, j’adore toutes les propositions de Damien et les danses aussi de Damien, j’adore les personnages de Soleïma, la blonde (forcément ma préférée…) et la bonne foi de Soleïma, j’adore les versements de Boris, j’adore tout ce qui apparaît, la joie de l’apparition et aussi la vie de ce qui n’apparaît pas : quand on peut voir la vie de ce qui n’apparaît pas alors c’est du grand art (Ana y excelle), cette qualité de transparence, de fantômes, ce n’est pas pour jouer les fantômes — pourquoi pas ? — mais c’est parce que la vie est comme ça : tout vit, tout est sensible, rien n’est fixe, rien n’est une image, les murs vibrent comme des fleurs, un souvenir de neige (le premier solo d’Ana) et c’est la neige, de grosses mains blanches, un peu de plumes au sol, des grosses chaussures avec des têtes d’ours et c’est la neige. Prenez confiance en votre vie et en vos capacités, pour certains plus réelles qu’ils ont parfois l’air de le croire, de célébrer la beauté (et j’emploie le mot, « beauté », dans ses sens les plus divers)… Ah, zut, je ne voulais pas vous parler, je voulais aller voir le spectacle dont nous avons usé le décor, mais j’ai laissé passer l’heure et je vous ai parlé un peu finalement…
Pour les gens que je n’ai pas réussi à faire entrer sur le plateau, Sigrid, Ambroise, May, Alexandre… — et s’ils veulent encore en être —, il faut se voir cette semaine, chercher des costumes et des idées et… on essaye à la rentrée ! c’est-à-dire dans une semaine…


J’adore quand Damien porte met Jeanne en lévitation, j’adore quand Mario et Pietro parlent italien (mais quand ?), je vais revoir les notes des assistants pour essayer de retrouver des choses, mais, vous aussi : retenez les choses de ces 3 jours…
  

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