Thursday, March 13, 2014

P as commercial (manifeste)


« C'est l'ironie de l'âge moderne que les foules puissent se ruer dans des endroits qui, dès qu'elles y sont, perdent leur attrait et même toute existence. » Philippe Muray

Ici, nous voulons le contraire. Comme le nom de mon association l’indique, Le Dispariteur, c’est le contraire. Ce n’est pas pour être systématiquement hors du coup, mais, au contraire, parce que nous pensons que la télévision, la société du flux continu et bombardant des images, c’est cela qui est hors la loi ; « Faire un pas hors du rang des assassins », comme le dit Franz Kafka (saint moderne). Le spectacle se crée en résonance avec ce qui est. Non pas le bombardement d’un remplissage (de l'avoir plein nos armoires), mais le creux d'un son et lumière. Rien ne prendra la place de ce qui est. Ce qui est, c’est ce lieu vide et disponible, cet admirable décor créé par Peter Brook pour ses expérimentations d’alchimiste et de partage. Le théâtre des Bouffes du Nord est le lieu le plus hanté du monde (que je connaisse). Nous ne ferons que redoubler cette perfection flottante déjà existante (la vie) comme le fait la machine fantastique de L’Invention de Morel, le roman d’Adolfo Bioy Casares. Quelques présences — fantômes ? — hanteront ce lieu « vide comme un jardin fleuri » (image proposée par l’astrophysicien Michel Cassé). Le potentiel infini, les plurivers, les murs qui nous parlent, voilà ce sur quoi nous travaillons. Nous réduisons volontairement la jauge pour que cette résonance du théâtre même laisse gonfler la voile. (On a soif d’idéal.) Considérez-vous ici comme nos invités. Vous prendrez bien un peu de champagne ? C’est une soirée… « Soirée »... mot magique. 1er avril.

« Souvent dans l'être obscur habite un dieu caché
Et comme un œil naissant couvert par ses paupières
Un pur esprit s'accroît sous l'écorce des pierres ! » Gérard de Nerval

Yves-Noël Genod, 13 mars 2014

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