P luie solaire pour mélomanes !
Julien Spianti
A voir absolument !
Excellentissime moment de théâtre ! myriades d'inventions et de beautés
plastiques — pluie solaire pour mélomanes !
Plus que deux dates, les 11
et 12 Avril !!!
Aux Bouffes du Nord à 21h
Florence Violet
Cher Yves-Noël,
Les strates du spectacle sont
retombées et les fantômes ont rejoint les autres tout là-haut sous la coupole…
« Merci d’exister », vous ai-je dit après l’avant-dernière au bar,
avant de courir prendre mon train et je vous le redis !
Car depuis, je voudrais
retourner aux Bouffes du Nord, voir ce que je n’ai pas vu et entendre, ce qui
m’a échappé, mais non, il n’y a plus de spectacle ! No more dreams !
J’espère que le spectacle sera repris aux Bouffes, c’est le seul écrin
possible, je ne l’aurais peut-être pas aimé ailleurs… je n’ai pas tout aimé non
plus, mais ce n’est pas le résultat qui fascine mais « la beauté du
geste », la façon d’y arriver.
J’ai aimé ce long silence de
noir profond, la fumée qui a envahi ce lieu vide mais tellement habité, les
chants, le public confronté au rien, contraint de se projeter dans le vide, de
s’accrocher aux apparitions, de les « ressentir » sans comprendre, ça
peut se casser la gueule à tout moment, frôler le kitsch, le gratuit, c’est un
acte funambulique car ce que vous demandez, ne rien faire, pour les acteurs,
c’est le plus dur. Rien n’est appuyé, juste « Marcello » une fois
presque murmuré et c’est La Dolce Vita, le Minotaure, on ne sait pas pourquoi, mais c’est normal qu’il soit
là… D’autres, c’est moins évident : d’où est sorti ce personnage barbu
soufflant dans un bout de bois : des bruits d’eau marécageuse de la bande-son,
le transformant en sourcier ou en chasseur de canard testant son appeau, de la
forme du bâton, ou du costume vieille France ? et ça joue… Un moine, un
milicien, et arrivent des archétypes de la mémoire ; en fait, c’est vrai,
ce que vous dites dans votre blog, qu’il pourrait ne pas y avoir d’acteurs,
mais des objets, un casque et c’est Rome, un manteau et c’est Brecht, juste
avec la bande-son et la lumière (bravo !) C’est parce que, dans ce théâtre-là,
tout est magnifié, en lévitation, que c’est possible, j’ai crû que la bassine
sur les gradins elle était là pour jouer (c’est beau, le son d’une goutte d’eau
qui tombe, mais il aurait fallu un micro !), que les gens qui ont ri
quelquefois à contretemps, c’était des acteurs complices. Il y a tellement de
fantômes possibles dans ce lieu, avec la perspective du fond rouge et la
hauteur de la coupole, on est vraiment dans le sacré total et c’est l’au-delà
des acteurs qui le rend perceptible.
Bref, merci pour le rêve !
(ter repetita !) Un deuxième avril ?
Merci infiniment !
« Merci d’exister », c’est une phrase (indélébile dans ma mémoire)
que j’ai entendu dire par une jeune fille en larmes (quasiment) à Marguerite
Duras une fois que nous l’avions amenée voir Kontakthof de Pina Bausch au Théâtre de la Ville. Bien sûr,
cette adolescente avait mon âge, mais, moi, j’étais là, au côté de Marguerite
Duras qui avait véritablement « goûté » ce moment et qui avait
répondu délicatement : « Qu’est-ce que je peux répondre à ça ? »
Le personnage barbu soufflant dans un bout de bois sort d’une sublime
exposition du peintre extraordinaire et néanmoins un ami, il est venu 3 fois
voir 1er Avril, Bruno
Perramant. L’exposition s’appelait : Le Maître des anges rebelles (c’est une citation directe). Alors, aussi, il faut
que je vous dise : il n’y a pas de bande-son, c’est toute l’astuce. Pour
arriver à ça, 1er Avril,
impossible sans Benoît Pelé qui improvise le son tous les jours comme un acteur. C’est une question d’impacts,
c’est ça qui permet cette qualité inouïe : il y a quelqu’un. Et c’est pour
ça qu’il y aurait pu n’y avoir que « des costumes avec personne
dedans » selon la formule abondamment répétée, parce que, lui et Philippe
Gladieux qui improvise aussi tous les jours la lumière, tous les deux, donc, étaient
bien là. Son-et-lumière, certes, mais pas déjà fait, en train de se composer
exactement en même temps que vous, spectateurs, le découvrez.
Bien à vous,
Yves-Noël
Labels: correspondance bouffes
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