Sunday, April 06, 2014

L ’Ecriture de tout le monde


« Parce que y a pas de sujet, vous savez. Ça n’existe pas. J’ai découvert ça, ces temps-ci, la façon de le dire. Le véritable sujet du livre, c’est l’écriture. Le facteur de transformation absolu, c’est l’écriture. Enfin, absolu… je veux dire, le plus violent qui soit… C’est donc l’écriture que vous lisez. »

« Vos personnages sont dans l’attente et, dans l’attente de quoi, on se le demande… […] Ils sont dans l’attente puis, finalement… y a rien qui se passe. — L’attente est un absolu de l’individu. Tout le monde attend. Et on attend rien. On attend que passe le temps. C’est complètement positif, ça. Que passe le temps avec ce qui l’amène. C’est-à-dire on attend l’inconnu du temps, donc l’inconnu de soi. Quand vous avez envie d’écrire, à votre âge, à 16 ans, quand vous avez envie de pénétrer dans le monde de l’écriture — et non pas dans le monde de la littérature (c’est très juste, cette différence) —, ce n’est pas pour dire certaines choses. De même que, quand vous « attendez le temps », ce n’est pas pour vivre certaines choses. Rien n’est à la hauteur de l’attente. Rien au monde. Même l’attente d’une personne âgée, simple… Quand vous attendez d’écrire, quand vous espérez écrire, vous espérez rentrer dans le monde de l’écrit. C’est comme si on espérait parler et qu’on ne sache pas parler. Qu’on espère lire. C’est une dimension aussi importante, aussi capitale. Et la chose rare, évidemment, c’est qu’on y réussisse. C’est-à-dire qu’on réussisse à rentrer exactement dans l’écriture de tout le monde et pas dans l’écriture de soi. Seulement, contradictoirement, c’est à partir de soi-même, à travers cette particularité de soi qu’on touche le général. C’est en écrivant ma vie, en parlant de mon enfance, de ma mère que je suis au plus général de moi. C’est ça, l’écriture. »

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