Friday, May 09, 2014

T itre de mes mémoires en espagnol


Hagase ver por la ventana (Faites-vous voir à la fenêtre). (C’est dans les consignes en caso de incendio de la chambre d’hôtel.) (Ma fenêtre donne sur une cour fermée comme un puit, mais ce n’est pas la question.) Ou alors : Espejo del pasado (miroir du passé). (Ça, c’est dans un poème de Borges.) (C’est plus beau, évidemment…) (C’est la lune qui est qualifiée de espejo del pasado.) (« Cristal de soledad, sol de agonías. ») (Il y a aussi ce vers : « La fiel memoria y los desiertos días. », La fidèle mémoire et les jours déserts.) A moins que mes mémoires ne s’appellent : El arte del olvido (L'Art de l’oubli). (C’est aussi dans le même poème d’amour triste.) Ou encore : Y te puede matar una guitarra (Et une guitare peut te tuer). (Mais on s’éloigne, on s’éloigne…)

Je ne résiste pas d’inscrire ici la deuxième partie de ce poème inouï sur la tristesse (qui ressemble à la fête du centre de Madrid, hier, moi si fatigué, je rentrais à l’hôtel en me traînant et en me perdant, le bout de plan déchiré à la main tandis que tous ces gens de tout âge — les vieux surtout si délicats, si précieusement mis, les plus sexy, je trouvais, les femmes âgées), eux, savaient où ils étaient : l'insouciance.

Ya no seré feliz. Tal vez no importa.
Hay tantas otras cosas en el mundo;
un instante cualquiera es más profundo
y diverso que el mar. La vida es corta

y aunque las horas son tan largas, una
oscura maravilla nos acecha,
la muerte, ese otro mar, esa otra flecha
que nos libra del sol y de la luna

y del amor. La dicha que me diste
y me quitaste debe ser borrada;
lo que era todo tiene que ser nada.

Sólo que me queda el goce de estar triste,
esa vana costumbre que me inclina
al Sur, a cierta puerta, a cierta esquina.

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