C’est terrifiant, ce qui
m’arrive, j’ai fait une générale devant quelques personnes — dans le noir —,
j’étais ter-ro-ri-sé ! Il y a même un poème que j’ai arrêté. La
Destruction. « Sans cesse à mes
côtés s’agite le Démon ; / Il nage autour de moi comme un air
impalpable ; / Je l’avale et le sens qui brûle mon poumon / Et l’emplit
d’un désir éternel et coupable. » Et je me suis arrêté. Fini. Pouvais pas
aller plus loin. Terreur. Je sentais le démon autour de moi comme un air
impalpable. Je me disais : de
quel droit je dis de telles horreurs à des gens innocents… J’ai fait un quart
d’heure de moins, j’ai cru que j’avais oublié des poèmes, apparemment non, à
part celui, tronqué, de La Destruction, de la guerre, des massacres du Rwanda… c’était au-dessus de mes
forces… Et ces cartes sublimes que m’a faites Ronan Le Régent, comment je vais
les assumer ? J’en ai 18 000 à écouler. Je n’ai pas commencé. Un
squelette. La mort ! La mort ! La mort ! Comment répandre la
mort dans ce festival déjà mort ? Je ne vais pas pouvoir… Comment, quelle
idée j’ai eue d’un spectacle si à contre-courant ? Je n’ai même pas envie que les gens viennent, 10
personnes, ça suffirait amplement. 10 personnes averties. Les autres, pourquoi
les déranger ? les séduire ? leur offrir du champagne ? pour
ensuite leur balancer ça ! Les Fleurs du mal ! Tiens, dans les dents ! Pauvres gens, pauvre
société… Gildas et Bastien étaient là, je me suis raccroché à eux comme à des
bouées. Mes amis, mes véritables amis ! (quand on en a besoin). Ce
festival qui, entre la Coupe du Monde et les grèves a bien du mal à se sentir festival,
comment l’aimer et l’aimer pour de bon ? je vais maintenant m’atteler à
cette montagne. Mais les jours passent si vite — et la vie aussi. Mais, la
mort, il doit bien y avoir une raison, pourquoi et comment ai-je senti la
nécessité d’en passer par là ? Comment être et avec qui ? La beauté des êtres, souvent, ils
ne la savent pas… Gildas me prêtera sa voiture et je m’enfuirai dans le Lub, au
bout de cette vallée préservée sous les falaises où j’étais l’autre nuit/jour avec
Bastien. Mais je ne veux pas fuir (mon destin). Je ferai face.
« Il est une éclipse,
un silence de toute existence où il nous semble avoir tout perdu, une nuit de
l'âme où nul reflet d'étoile ne nous éclaire.
Il est une éclipse de toute
existence, un silence de notre être où il nous semble avoir tout trouvé. »
Labels: avignon
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