Sunday, July 20, 2014

L 'opi/um agrandit ce qui n'a pas de bornes


Je croisais l'équipe de la télé (qui m'avait filmé) ; là, ils étaient avec Jean-Damien Barbin, ils cherchaient la porte de la Ligne, comme j'habite tout à côté, ils me prirent pour l'homme providentiel, perdus qu'ils étaient dans le labyrinthe (et sans doute déjà avinés). Très sympa, Jean-Damien, un séducteur, au moins sous l'œil de la caméra. Je me disais qu'ils allaient avoir des milliers d'heures de rushes... un film sur le festival... (quel boulot...) Je promettais de les rejoindre au bar de la Navigation juste à l'extérieur des remparts, porte de la Ligne, près du Rhône et de la voie rapide de circulation comme une route nationale. J'allais mangé un brin au 20, rue de la Palapharnerie. En effet, plus tard, ils y étaient encore, encore sous l'œil de la caméra. Il y avait Denis Lavant. J'étais épaté d'entrer par la bande dans le club des « grands acteurs » — ceux qui, devant la caméra, ne pouvaient pas me mépriser (et puis Avignon ne méprise personne…) Jean-Damien, très beau dandy (que l'alcool, curieusement, semblait rendre phosphorescent) parlait d'opium, un voyage en Iran. Il disait que l'opium ne lui faisait rien. Mais rien du tout. A quoi bon en prendre alors ? Eh bien, pour parler, pour être avec l'autre, le compagnon d'opium (à qui, lui, ça fait qqch). Je comprenais que c'était une alternative — saine, finalement — à l'alcool. Mais il m'avouait (off record) qu'il avait aussi fini par mélanger l'opium et l'alcool. Il portait un chapeau. L'autre homme qui portait un chapeau — look plus élaboré : bonnet + chapeau —, c'était Denis Lavant. C'était lui qui me fascinait le plus ; j'étais embêté parfois pour Jean-Damien de cette inégalité (mais il ne semblait pas la remarquer, ou bien la remarquer, princier, de peu d'importance). Ce qui me fascinait chez Denis Lavant, c'était sa beauté invraisemblable. J'étais très étonné : à l'image, j'avais toujours pensé qu'il était horriblement laid (qu'il était certes un grand acteur, mais horriblement laid). En vrai, c'était tout le contraire et je comprenais soudain son aura, « ce qu'on lui trouve ». Il était fabuleusement beau, complètement SIMIESQUE, mais à un point ! Je le regardais comme un singe, fasciné, émerveillé, « Et, lente ou brusque, à chaque mouvement  / Montrait la grâce enfantine du singe », disent les vers de Charles Baudelaire...

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