A l’intention de Clarisse Fabre
Je n’ai rien contre la découverte
d’un texte au théâtre, mais l’obédience du théâtre au texte souvent me gêne.
François Tanguy disait : « Le mot que je déteste le plus quand on parle du
théâtre, c’est le mot « texte ». » Je fais du théâtre d’après
les lieux (souvent des théâtres vides) et d’après les personnes. Des acteurs à
qui je demande de « ne rien faire » — ou de faire ce qu’ils veulent
ou ce qui leur fait plaisir (c’est pareil). Je ne veux pas les voir occupés à
« faire », comme, par exemple, à faire ce qu’ils ne savent pas faire, occupés par une fonction qui les occuperait.
Je propose souvent aux acteurs d’être des « publicités » pour eux-mêmes. Qu’il n’y ait rien d’autre que la présence, l’être.
Du texte ? si ça vous chante (et si je ne l’entends pas comme du texte,
c’est-à-dire du texte auquel vous seriez assignés). A la fin de La Tempête, le magicien Prospéro, metteur en scène qui a délivré
les autres personnages, demande la délivrance du public, plus grand magicien.
Oui, le théâtre, à l’envers :
une délivrance. « Par votre
souffle mes voiles seront gonflées, / Autrement mon entreprise est mort-née, /
Qui voulait plaire. Plus d’esprit à présent / Qui soit à mes ordres, plus
d’enchantements ; / Je finirai en proie au désespoir, / Sauf si la prière
me permet de croire, / Elle qui nous transperce et prend d’assaut / La pitié et
efface tous nos défauts. / Si vous voulez qu’on pardonne vos offenses, /
Délivrez-moi tous par votre indulgence. » (dans la traduction du Livre de
Poche).
Labels: correspondance
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