U ne carte postale du paradis
Je n’avais pas envie de lire,
j’avais envie d’écrire, c’est-à-dire de recopier ds des livres des phrases
que je m’appropriais. Il y avait peu d’auteurs que j’avais envie de lire. Il y
avait Jorge Luis Borges que j’avais déjà lu et qui me manquait (mais que je me
retenais de lire parce que je l’avais déjà lu). Mais Jorge Luis Borges m’avait
tout appris et me manquait. Je ne me souvenais de rien, mais je me souvenais
que Jorge Luis Borges m’avait tout appris. Que voulais-je dire
aujourd’hui ? « Au paradis, il y a des moustiques », voilà ce que
je voulais dire aujourd’hui. J’envisage sérieusement de devenir prêtre. Il y a
le même problème — comment disent-ils ? je n’ai pas le journal sous la
main — de « tarissement des vocations », en Corse comme en Bretagne.
Il y a donc 2 solutions pour rester en Corse, devenir prêtre ou marier Isabelle
Luccioni qui possède un château ds le Nord, face à la montagne. D’après les
photos, c’est très beau. J’ai parlé d’Isabelle à mes amis sans la nommer
puisque ce sera le rêve de ce séjour, Les petits chevaux de Tarquinia, elle m’invite ds son château, irai-je ou n’irai-je
pas ? Puis Stéphane (écrivain en puissance) m’a demandé son prénom :
j’ai dit tout : « Isabelle Luccioni ». Aussi pour prouver que je
n’inventais rien. J’aimerais tellement tout inventer et ensuite prouver que je
n’invente rien. A propos, ce que je voulais dire. Au paradis, il n’y a pas
seulement des fleurs (c’est prouvé), il y a évidemment aussi des moustiques. La
fleur, la délicate odeur des fleurs érotiques que nous cueillons pendant le
sommeil reste parfois au matin dans la main, oui, mais la piqûre du moustique reste
sur la peau. « Isabelle Luccioni », le visage de Stéphane s’était illuminé non pas cruellement, mais enfantinement (s’il y
a une nuance) : Isabelle Luccioni est une journaliste de
« Corse-Matin » chargée des faits-divers et de la chronique
judiciaire et dont les papiers font, depuis quelques années, les grandes
heures des lectures à voix haute sur « le terrain », en particulier de Lucien,
Lucien comment ? Lucien… son nom m’échappe… le New Yorkais… Terrasse ! Lucien
se délectait et de sa plus belle voix intelligente à la mise en valeur des
arabesques parfaites d’Isabelle Luccioni. — Alors, clergé ou Fourth Estate ? L’un ou
l’autre pouvoir… Mais Isabelle n’a rien écrit encore cette année. Un grand nom,
une signature, Isabelle Luccioni. Il y a une époque où on découpait ses
articles, il doit en rester un tas quelque part... ¿Por que no te callas?
Labels: corse
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