J eanne Duval

Mes amis, la vie est belle, nous mourons — surtout moi — mais nous voyons (dans les affres de nos douleurs sacrées) des SPECTACLES ! Je vous conseille, je vais vite, d’aller voir l’archi baudelairienne Angélica Liddell (en résidence à l’Odéon). Je l’adore. Un ami très cher, plus cher encore depuis cette offrande, m’a donné sa place d’abonné (la place E1, c’est-à-dire 5^ième rang, centre). Faites tout ce que vous pouvez pour vous trouver une place, volez, assommez, mentez, arrachez, voire achetez (mais alors très cher, au marché noir) et, franchement, je le conseille, si vous pouvez vous trouver à cette même place : je conseille surtout à ceux qui aiment connaître une femme par sa chatte : pour ma part, je suis redevenu l'hétéro pur et dur que j'ai toujours été. C’est vrai, pourquoi n’y a-t-il pas plus souvent des filles qui enlèvent leur culotte et soulèvent leur robe pour danser face garçons sur une musique sympa ? (La sexualité n'est pas aussi compliquée que la Manif Pour Tous essaye de le faire croire aux enfants.) Ici, la musique sympa s’appelle : You are my destiny. Le spectacle est sur la communauté « inavouable » des amants (comme l'a dit une fois Maurice Blanchot). Moi, je vais vous dire, si j’étais douée, espagnole, intelligente et belle, je ne ferais que ça, je ferais les spectacles d’Angélica Liddell. Celui-ci est d'un sublime encore différent. Disons 1^er Avril multiplié par 10. Même, tenez, toute mon œuvre (les 50 spectacles) multipliée par 10. Bon, je vous quitte, il faut que je ne me soigne pas (hâte de périr), mais quand même que je vous prépare qqch pour la semaine prochaine. Je préviens : pour ceux qui ne seraient pas au courant, je suis vieux et grabataire, il doit me manquer de la vitamine D, je ne vis que la nuit. Je suis Charles Baudelaire et elle est Jeanne Duval.