V alérie
J’ai rencontré Marie Plantin, hier, pour la deuxième fois (d’après elle), et on a parlé assez longuement. Marie Plantin a écrit des textes très beaux sur nombre de mes spectacles. Elle vient d’avoir un enfant et elle est claustrophobe, ainsi elle n’est pas venu voir Rester vivant au Rond-Point, mais elle a caressé le désir d’écrire une critique sur le spectacle sans le voir, un texte qui aurait dit comment elle, elle l’imaginait… Quel dommage qu’elle ne l’aie pas écrit ! Je l’encourage dans cette voie (moi, lecteur de Borges). Elle me raconte aussi son rapport à Valérie Dréville — c’est très beau — qui lui a littéralement ouvert toutes les portes du théâtre et de la danse. Elle ne s’y intéressait pas, elle était très jeune, des études, et elle l’a vue par hasard dans Phèdre, elle était au premier rang et elle a été bouleversée, elle est allée dans sa loge, ce qu’elle n’avait jamais fait, et en se décrétant son amie pour forcer le passage et, face à elle, elle s’est effondrée en larmes. Valérie était avec son enfant tout petit, elle n’avait pas encore quitté sa robe de scène, c’était sublime. Valérie a eu l’intelligence de prendre son numéro et de promettre de l’appeler. Elle habitait chez sa mère à l’époque qui s’est moquée d’elle, de son émoi : « Si tu crois que Valérie Dréville va t’appeler !… » Mais Valérie a appelé et lui a proposé un rendez-vous. Là, pendant deux heures, Valérie lui a parlé de tout, de Vitez, de Régy, de Vassiliev, etc., à elle qui n’y connaissait rien. Chaque fois qu’elle voyait Valérie dans un nouveau rôle, elle était en larmes dans la loge en face de Valérie. Et Valérie lui disait : « C’est bien, ça veut dire que tu gardes ta fraîcheur, la fraîcheur de ton émotion… » Depuis quelques années, elle ne passe plus dans la loge parce qu’elle s'est dit que quand même ça faisait trop groupie, mais elle continue de voir toutes les apparitions de Valérie dans le même intérêt et la même passion, elle voudrait que je lui dise, à Valérie, qu’elle, Marie Plantin, est toujours là même si elle ne pleure plus.
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