L 'autre poème d'Emily Dickinson
Yves-Noël,
Je voulais vous dire
que cela fait très longtemps que je n'avais pas rencontré quelqu'un qui m'ait donné envie de faire du théâtre comme vous l'avez fait. Bien sûr ce désir viens
du plus profond de moi, et mon cœur le nourris, mais les rencontres humaines
peuvent parfois l’enivrer. C'est ce qu'a provoqué en moi la vôtre.
J'ai senti en vous une
telle sensibilité pour le monde ; une telle nécessité d'agir, de mettre en
valeur la vie, le vivant au travers de votre théâtre que j'en ai été profondément
bouleversée.
Durant la seule séance de
travail à laquelle j'ai assisté seul le présent existait. J'étais là-bas, à cet
endroit, comme si rien d'autre n'existait. Nous tous, réunis, créions le monde
comme pour la première fois. Et cette sensation était si belle que, comme je
vous l'ai dit, j'ai eu du mal à m'en défaire.
Aujourd'hui, j'y repense et
je me dis que ma passion ne devrait être faite que de cette exaltation. Ce
n'est pas tous les jours le cas, mais je crois que l'important c'est de la
connaître, cette sensation, d'en avoir été traversée et de savoir qu'elle est là,
en moi.
Comment vous dire que
toutes ces choses m'ont plus que donnée envie de travailler avec vous, mais je
laisserai la vie faire. En tout cas nous nous sommes rencontré cela je le sais,
et rien ni personne ne pourra me l'enlever.
Au passage l'autre poème
d'Emily Dickinson:
My cocoon tightens, colors
tease,
I'm feeling for the air;
A dim capacity for wings
Degrades the dress I wear.
A power of the butterfly
must be
The aptitude to fly,
Meadows of majesty concedes
And easy sweeps of the sky.
So I must baffle at the
hint
And cipher at the sign,
And make much blunder, if
at last
I take the clew divine.
(Mon Cocon me serre — les
Couleurs me taquinent —
J'aspire à l'Air —
Une vague envie d'Ailes
Titille la Robe que je
porte —
Pouvoir de Papillon s'en
doute —
L'Aptitude à voler
Suppose des Champs de
Majesté
Où de tranquilles Versant
de Ciel —
Aussi je dois dépister
l'Indice
et sonder le Signe
Et mettre les pieds dans le
plat, si enfin
Je trouve le fil divin —)
A bientôt,
Cécile
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