Thursday, October 08, 2015

I l ne s’agit pas de comprendre, mais de perdre connaissance


Bonjour Jean-Paul Angot !
Mon ami Alain Klingler me transmet votre mail. Si vous avez l’occasion, venez voir Les Entreprises tremblées au théâtre du Point du jour, 7, rue des Aqueducs à Lyon (tel : 04 72 38 72 50), encore trois soirs jusqu’à samedi, à 20h, c’est l’un de mes spectacles les plus fascinants, les plus mystérieux. « Il ne s’agit pas de comprendre, mais de perdre connaissance », dit Paul Claudel. C’est ce que j’essaye de proposer au spectateur à chaque spectacle (et je crois cette invite très réussie sur celui-ci). Les Entreprises tremblées est le deuxième spectacle d’une série de sept plus un épilogue qui nous mènera au 31 décembre. La série toute entière s’appelle Leçon de théâtre et de ténèbres, je vous laisse jeter un œil sur le calendrier ci-dessous. C’est une semaine sur deux. Vous voyez, je ne chôme pas ! Mais j’ai été heureux de prendre le temps de vous écrire un mot, bien que nous ne nous connaissions pas (Alain Klingler m’a dit que vous vous souveniez de moi quand j’étais au théâtre du Radeau, c’est-à-dire dans l’enfance d’un autre siècle…)
Bien à vous, 
Yves-Noël Genod

Manuel de liberté : du 22 au 26 septembre (avant-premières les 19, 20, 21).
Les Entreprises tremblées : du 6 au 10 octobre (avant-premières les 3, 4, 5). 
Or : du 20 au 24 octobre (avant-premières les 17, 18, 19).
Quatrième épisode (titre à trouver): du 3 au 7 novembre (avant-premières les 31 octobre, 1er et 2).
N°5: du 17 au 21 novembre (avant-premières les 14, 15, 16).
Sixième épisode (titre à trouver) : du 1er au 5 décembre (avant-premières les 28, 29, 30 novembre).
Leçon de ténèbres : du 15 au 19 décembre (avant-premières les 12, 13, 14)
Rester vivant (épilogue) : du 29 au 31 décembre (avant-premières les 26, 27, 28)



Bonjour Olivier, 
Bien sûr, cher Olivier, je sais que tu n’as pas le temps de venir pour Les Entreprises tremblées (encore trois représentations, jusqu’à samedi) mais j’insiste un peu et, comme cela, cela te le raconte un peu. Et peut-être pourrais-tu envoyer quelqu’un. Et l’opéra de Lyon, tu les connais ? J’ai envoyé un mail au directeur, Serge Dorny, mais je ne le connais pas du tout, sans réponse. Le spectacle que je te proposais de voir en août (ou septembre) (et j’espère que tu vas pouvoir venir) à partir de Carmen et qui s’appelle maintenant Or ne sera pas celui que l’on avait vu en août. On en avait trois-quarts d’heures splendides que j’ai jetés à bas pour plusieurs raisons, l’une parce que je propose avec Les Entreprises tremblées (à partir de La Traviata) une chose très difficile au public, très exigeante, très mystérieuse. Je suis fasciné tous les soirs d’avancer dans ce mystère, mais je suis obligé de dire au public que j’en suis au même point que lui : je ne sais pas. J’avance et je découvre des pans entiers (de sens), mais qui ne désépaississent pas le mystère. C’est la force de ce spectacle. Et, deuxième raison, ce que nous avions déjà créé en août sur Carmen a été reporté, je pense,  sur La Traviata, le côté fantomal dont l’idée forte est simple, mais abyssale (je me demande pourquoi d’autres ne l’ont pas eue), c’est celle de faire chanter la cantatrice sur une autre cantatrice — en l’occurence la Callas — pour en revivifier l’essence et le fantôme comme dans L’Invention de Morel d’Adolfo Bioy Casares. La Callas sort d’une enceinte à cour comme dans un roman de Marguerite Duras et la cantatrice, au centre du plateau, hurle sa déchirure et sa plainte immodérée. C’est bouleversant. Odile Heimburger est très forte. A la place de ce procédé, à propos de Carmen la semaine prochaine (du samedi 17 au samedi 24), je tente quelque chose que j’espérais plus facile, plus festif, mais comme ici aussi l’extrême beauté apparaît (due, beaucoup, à la qualité du travail que nous avons avec ce théâtre du Point du jour et aux lumières de Philippe Gladieux), ce sera sans doute encore plus difficile à réaliser. Je touche du bois.
Et te salue, 
Yves-Noël

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