A u cirque
On est allé au cirque Médrano, on avait des places gratuites, on a amené les enfants — histoire de sortir en ville aussi. J’adore le cirque, surtout les animaux. Je veux défendre les animaux contre les camps d’extermination, mais je ne comprends pas qu’on attaque les cirques et les zoos : s’ils n’étaient pas dans les cirques et les zoos, on les verrait où, les animaux ? Dans la nature ? Mais y en a plus, de nature. Y a plus d’animaux dans la nature. Il faut qu’ils s’adaptent, qu’ils viennent aussi dans les villes, les animaux, qu’il y en ait partout comme les vaches et les singes en Asie, comme les abeilles qui butinent mieux en ville… Même le cirque Médrano faisait pas le plein, même avec les places gratuites. Bon, à part le « feu d’artifice » des animaux, c’était pas non plus très, très bon, mais ça avait le charme de ça, d’un cirque un peu déprimé, un peu populaire-déprimé, pas mal, en ce sens. Je ne veux plus penser au problème du public au théâtre du Point du jour. J’ai réduit la jauge à trente personnes. Et, ce spectacle, s’il ne se joue que devant une personne, ce sera assez, ce sera sublime. C’est un spectacle du futur, fait de spectres, de fantômes, d’hologrammes et de robots, de morts-vivants, de marionnettes, c’est un spectacle sur le théâtre. Ça n’intéresse personne. Personne. C’est la beauté des spectacles que je donne au Point du jour : ils n’intéressent personne. Quand Patrice Chéreau travaillait à Lyon, la France entière se déplaçait, mais je ne suis pas Patrice Chéreau et le Point du jour n’est pas le TNP. Et l’époque a changé. Maintenant les gens sont dans les maisons. Ils attendent la guerre. Quand il y aura la guerre, ils sortiront de nouveau au théâtre… On entend un film en anglais dans le salon, je crois que c’est Lætitia qui a choisi ce film, je n’ai pas retenu le titre. Je suis passé voir avec ma tisane « Bonne soirée », je me suis allongé sur la chaise longue style Charlotte Perriand ou Eileen Gray, recouverte de peau de vache, mais c’était une scène de meurtre. J’ai demandé si, par hasard, c’était un film avec un serial killer, on m’a répondu que oui, alors j’ai dit que je partais parce que, si c’était un film avec un serial killer, ça allait recommencer toutes les dix minutes, je déteste ça… Et maintenant j'écris un peu sur mon blog en pensant à deux-trois choses... Au texte (si célèbre) de Blaise Pascal sur les « deux infinis » que j'ai lu au début de l'après-midi aux comédiens : « Que l'homme, étant revenu à soi, considère ce qu'il est au prix de ce qui est ; qu'il se regarde comme égaré dans ce canton détourné de la nature ; et que de ce petit cachot où il se trouve logé, j'entends l'univers, il apprenne à estimer la terre, les royaumes, les villes et soi-même son juste prix. Qu'est-ce qu'un homme dans l'infini ? » Ce canton détourné de la nature... Ce petit cachot où il se trouve logé, j'entends l'univers... Je pensais aussi à Anton Tchekhov dans la familiarité duquel, en ce moment, Lætitia Dosch qui joue La splendide actrice nous permet de vivre, ce qui rend la vie douce comme le bonheur, comme la beauté, comme Lyon, la plus belle ville de France — et si vous veniez, tout d'un coup ? Après tout. Si vous veniez et passiez voir la lumière, vous savez...
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