D euil national, mon cul !
Absurdité des attentats. Horreur. Et deuxième absurdité. L’état d’exception. Première mesure : la municipalité lyonnaise ferment les théâtres. Pourquoi ? C’est nous, les coupables ? On est puni ? Mais, ce qu’ils ne savent pas, c’est que leurs théâtres, ce ne sont pas des théâtres, ce sont des hôpitaux. Même en temps de paix, ce qu’ils appellent le « public » arrive dans un tel état que c’est « soigner », ce que l’on fait. Ce n’est pas du spectacle (mais c’est justement ça que la société ne supporte pas : qu’on n’en fasse pas), au minimum du « théâtre thérapeutique ». En temps de guerre, la dépression augmente d’un cran. Comment lutter contre la dépression ? Les politiques (« politiques », vous entendez que je l’entends au sens d’« incapables ») ont la solution : enfermer la population devant sa télé. Enfermer la population devant sa télé. Ça qui soigne. Dimanche, il y a quinze jours, il y avait quinze personnes au théâtre du Point du jour pour la deuxième avant-première de La splendide actrice. Quand il y a quinze personnes, ça ne s’appelle pas du « public ». Ça s’appelle des amis. Non ? Vous n’êtes pas d’accord ? La notion de public est une notion fausse : le public, ce sont des amis parce que, s’ils aiment le spectacle, ils deviennent des amis. Demain, nous jouons à l’heure indiquée en temps de paix, 20h, et si des amis passent, bien entendu que nous les recevrons. On ne va pas les repousser à coup de pied au cul, ces réfugiés. C’est si rare, en effet, d’arriver jusqu’à se percher jusque ici. C’est si rare un théâtre comme celui du Point du jour (je veux dire : ce qu’en a fait Gwenaël Morin), hôpital, oui. Hôpital du soir. Et nous essayerons de nous soigner les uns les autres. Sans la télé. Sans la police. Clandestins dans la vie, dans le temple. De toute façon, ce sera ça, maintenant, la vie : la dictature claire, l’horreur, et la clandestinité des destinées...
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