L a Tragédie et la danse de la vie
Voyage :
D’abord Avignon, puis Aix, nuit blanche, dormi sur une aire d’autoroute, le matin. Puis j'ai passé quelques jours au château, l’un des plus beaux châteaux du monde, plein de mémoires disparues, non encore exprimées, ensevelies, des grands couloirs d’oubli et de lumière claire, la pierre, la pierre du Sud, « Dans cette aile du château, ont séjourné saint Louis et saint François d’Assise », le roi lors de son départ en croisade, l’autre pour son voyage au Maroc, mais les histoires sont innombrables, Jean-René en a un peu raconté, d’enfance et d’adolescence, le jardinier qui lui faisait planter des sardines, qui fleurissait tous les jours le centre de table de la salle à manger, qui, un jour qu’il n’avait pas d’idée, avait coupé à la hache deux ceps de vigne pour les placer entiers avec les grappes mûres au centre du service, lors de la venue d’un ambassadeur, les légumes toute l’année en masse… Arles, Avignon… Ensuite, le Lubéron, l’auberge des Seguins sur la commune de Buoux, au bout du bout de la vallée, sous la falaise sublime, quelques jours aussi comme chaque année : endroit idéal pour lire (Borges, Forster Wallace). Ensuite, les gorges de l’Ardèche et la grotte dupliquée de Vallon-Pont-d’Arc, sublime, vue deux fois. Passer deux journées aussi (en visiteur) au merveilleux camping naturiste Plage des Templiers, en dormant dans la voiture parmi les songes et les sangliers. Au retour vers Bourg, arrêt au Palais Idéal du facteur Cheval, à Hauterive, dans la Drôme. Trop court, les merveilles semblaient s’ouvrir à l’infini. Plusieurs fois, je me suis dis (je me suis bercé de le répéter) : Je suis heureux. Le monde va terriblement mal, va s’effondrer, mais on peut encore en profiter. Et, peut-être, « enchanter le récit du désenchantement du monde ». Mais être dehors ou à l’étude ? Dehors ! L’étude est un pensum. Oui, je voudrais repartir.
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