Tuesday, April 25, 2017

Journée du 23 avril. Je rentrais du théâtre de l’Unité, en Franche-Comté. On avait fait la fête la veille. J’avais même fumé un pétard avec Pascal Rénéric, dans sa chambre, on avait parlé, il m’avait dit des choses merveilleuses sur Mallarmé, Vincent Macaigne, Hubert Reeves qui dit que l’univers se refroidit un peu trop vite et que c’est ce qui fait qu’il y a autre chose qu’un seul gros bloc de fer, ce qui serait arrivé s’il refroidissait à la bonne vitesse lente… J’avais décidé que c’était trop loin d’aller voir le vernissage de Véronique Ellena dans la maison de Chateaubriand et j’étais allé, à la place, avec Aidan, au sublime cabaret des horreurs de Sophie Perrez et Xavier Boussiron au théâtre du Rond-Point (dont c’était la dernière). Tout à fait le genre grand-guignol, ce théâtre d’épouvante qu’expérimentait, aux Ruches, cette semaine, Geneviève de Kermabon. Il m’avait semblé que c’était bien pour un jour d’élection (j’étais assez pessimiste sur les résultats). Ensuite, j’avais rejoint Dominique à Beaubourg pour revoir Les Molières de Vitez, par Gwenaël Morin, dont c’était l’intégrale. Mais je ne restais pas pour le Dom Juan qui commençait à 6h parce que je devais voter, quand même ! ce que je fis à 8h moins quelques secondes après que Pablo m’eut envoyé les résultats confidentiels. Juste avant de voter, j’avais réussi à voir, au Café Beaubourg, Dorian Rossel qui me proposait du travail. Ensuite, après avoir voté dans mon quartier (La Chapelle), j’étais revenu au Centre voir la fin du Misanthrope et saluer Gwen. Aidan avait enchaîné les deux pièces et était enchanté. Dans un grand espace vide — ah ! le vide de Gwenaël Morin — les acteurs jouent Molière comme en BD. Et le mystère est complet : c’est vivant, c’est à l’os, c’est débarrassé de tous les oripeaux et du fatras de toutes les autres mises en scène, c’est singulier. C’est comme si on décapait les vernis d’un tableau, les restaurations successives. Non : pas d’idées sur la chose, mais la chose elle-même. Cela fait le vide, cela fait le pur, cela fait le calme en cette soirée de premier tour de l'élection présidentielle. La salle du Centre devient un lieu oublié, un « espace perdu » comme le pressentait Claude Régy approché il y a quelques années pour la reprendre. Le meilleur théâtre français, niveau des Allemands, Volksbühne. Puis encore la soirée s’était continuée chez Anne et Manu où je retrouvais Dominique, restée pessimiste, elle, alors que le soulagement était partagé — elle ne croyait pas en Macron — pour la soirée télé, souvent sans le son, avec une très bonne mousse au chocolat, boulevard Voltaire, l’amitié... 

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