Sunday, February 11, 2018

Vui, Frédéric ! Toujours ! 
Alors il y a une masse d’idées, toujours, autour de moi. Et, sérieusement, on peut en discuter ensemble, pour comprendre laquelle serait la meilleure à privilégier, à sortir du chapeau, financièrement, etc. Moi, ce que j’aime, c’est travailler avec du monde ! doué ! des beaux danseurs, etc. Evidemment, c’est rare et difficile à réunir. Il y a l’idée de fabriquer une imaginaire troupe shakespearienne (que des mecs, du coup, a priori), mais en danse (ou cirque), une sorte d’ « esprit » shakespearien, mais joué-dansé, très libre, très witty, très «  monde spirituel », très concret, sans espoir et plein de certitude. Il faut des gens brillants, disons, capables de jouer-danser cette « musique supérieure ». C’est dans un portrait de Proust que j’ai trouvé cette rêverie (je commence La Recherche par ce portrait), « Bientôt sortaient de ses lèvres, proférées sur un ton hésitant et hâtif [très important, l’hésitation et la hâte], des remarques d’une extraordinaire nouveauté et des aperçus d’une finesse diabolique. Ses images imprévues voletaient à la cime des choses et des gens, ainsi qu’une musique supérieure, comme on raconte qu’il arrivait à la taverne du Globe, entre les compagnons du divin Shakespeare. Il tenait de Mercutio et de Puck, suivant plusieurs pensées à la fois, agile à s’excuser d’être aimable, rongé de scrupules ironiques, naturellement complexe, frémissant et soyeux. » C’est cet art de vivre en une époque ancienne et libre (en temps de paix, sous le règne d’Elisabeth) qui pourrait provoquer, si j’y arrivais, l’évidence du « vivre ensemble », comme on dit, et évidemment — et pourquoi pas ? —  l’esprit de mai 68 ! un véritable « temps de paix » qu'on a écarté dans l’éternel temps de poisse (comme disait Claude Degliame dans une pièce de Botho Strauss : « Nous n’avons plus la guerre ; à la place de la guerre nous avons ça : nous avons la poisse ! »), le décor de carton-pâte, le « vrai » qui miroite soudain dans l’écrasante forêt du faux-semblant. Cette troupe d’un temps béni n’appuierait pas les solitudes (bien réelles), les lonely people, mais tout au contraire, montrerait l’humanité comme un ensemble, comme des chiots (David Lynch : « We’re supposed to  have so much fun like puppy dogs with our  tails wagging »)), comme des enfants, comme des gens extraordinaires, comme des gens de nulle part, des invisibles (paradoxalement présents), des « Sans Roi », quelque chose en rapport non seulement avec le spectacle (ça, c’est facile), mais (ça, c’est plus difficile) avec le vrai. Peut-être autour d’une table, d’un banquet. Avec des chiens autour (des vrais) comme on voit dans les tableaux. Comme autour de Shakespeare, autour de Jésus, autour de Proust, mais sans « lui » (ces trois-là toujours ailleurs)...
Bon, c’est une chose que je peux développer si tu as besoin. Mais cet après-midi avec Caroline Breton qui voulait me vendre un déodorant, tout d’un coup un titre : Nos produits cultes. Il est bon, non ? Il pourrait même être celui de la troupe de Shakespeare, allons-y. Mais ça pourrait être aussi : La Vie heureuse de Shakespeare (beaucoup moins bon). 
J’ai un autre titre qui me vient à l’instant (de Fabrice Reymond) : Je ne veux plus être le phallus de ma mère. Je le note pour ne pas l’oublier bien que ça n’ait pas immédiatement un rapport évident (je me demande si je ne vais pas le proposer plutôt à Pascal Rambert...)
Sinon, pour un dossier, il est peut-être plus efficace (et vis-à-vis de l’école du paysage à Versailles) de parler d’un projet que j’ai avec Jocelyn Cottencin, « texte et paysage » qui pourrait d’ailleurs t’intéresser vraiment.  Là, au moins il y a (en pièce jointe) un joli dossier que Jocelyn a composé (qu’on a déposé au Musée de la Danse, par exemple) sur lequel tu peux te baser pour le tien (il fait sérieux, en tout cas).  Là aussi, si ça t’intéressait, on pourrait développer. C’est un projet de résidence(s) que l’on pensait, je crois, pour l’intérieur, mais qu’on pourrait imaginer pour l’extérieur. Ecoute, j’avais encore d’autres idées entre notre coup de fil et maintenant que j’ai laissé filer… Mais ça t’en fait deux, trois… Je travaille aussi sur Adam&Eve qui est censé, au final, être un opéra — Adam et Eve que je veux tirer vers, enfin, je ne t’en parle pas ici, on verra… Là aussi, plusieurs étapes sont nécessaires, mais, bon, du nu, à Versailles... Pourtant ce serait beau, sur la petite île… Bon, ce n’est pas obligé que ce soit cochon (plus rien ne peut être cochon à notre époque et ça peut-être rigolo aussi, la censure...) J’ai encore un autre projet aussi auquel je tiens beaucoup : sur Oscar Wilde (avec un musicien de variété aux multiples identités avec qui je m’entends très bien) et un autre sur Verlaine. Etc. J’ai aussi en projet un spectacle qui s’appellerait L’Amour malade (ou si c’est mieux en anglais : Sick Love) et qui s’appuierait aussi sur Shakespeare (une étude de Pacôme Thiellement à paraître). Peut-être ce projet est-il le même que le projet dont je t'ai d’abord parlé. L’atelier Shakespeare. Pour un dossier, tu pourrais aussi m’inventer tout ce que tu veux dans la limite de la loi. Je suis capable de tout et prêt à tout (j’espère que tu le sais), je signerai. Tu peux me demander de pendre par les pieds des étudiants dans les arbres recouverts de ketchup ou de Nutella pour attirer les abeilles — ou de scotch — ou plutôt ivres-morts avec du scotch — et couverts de scotch aussi, disons (un peu Rodrigo Garcia, mais en mieux), je signerai. (Tout ce qui est dans la loi, hein, mais à la limite…)
T’embrasse, très cher, n’hésite pas à revenir vers moi, ça me fait toujours plaisir,
Yvno

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