Saturday, July 14, 2018

« O ui ! Je crois en Dieu ! Certes, il n’en sait rien ! »


Spectacle magnifique, nocturne, inadvenu. Le théâtre de l’Unité, mené par les deux croulants sublimes Jacques Livchine et Hervée de Lafond allonge les spectateurs dans la paille de notre enfance — il est 23h dans la plaine de l’Abbaye, à Villeneuve, certains (c’est recommandé) ont apporté leur drap, leur oreiller — et il commence ni plus ni moins (disons pendant les premières heures) par les endormir, les salauds ! Du coup, on y arrive (bien) et on loupe ce qu’il se passe, dans mon cas plusieurs heures (j’y retourne ce soir du coup en trichant peut-être par une astuce de guarana, de café ou de Redbull). Peutimporte, c’est le jeu, le spectacle est censé « agir pendant le sommeil » (quand tu as vraiment envie de dormir, il te casse un peu les pieds, le spectacle, peuvent pas se taire un peu, nom de Dieu, écouter les petits zoiseaux ?) Et quand on se réveille à nouveau — en forme, il faut bien le dire —, quelle merveille à nouveau ! C’est tout comme on l’avait laissé, le spectacle, mais les comédiens ont changé, ils sont comme entrés en transe, ils sont tout près, leur si beaux visages se sont approfondis, ils sont  devenu archaïques, disponibles à tout et — forcément — ils nous transmettent leur état, nous aussi, nous devenons disponibles à tout, à la poésie ô combien, à la beauté de la poésie qui éclate dans le ciel comme une chose réelle peut éclater dans le ciel, comme une bombe réelle — et disponible aussi à la non-poésie qui éclate aussi dans le ciel, sur fond de ciel, sur fond de terre, sur fond de paille, comme une chose réelle, elle-aussi, et tout aussi nécessaire, comme une particule son antimatière — et voici que cette matière et cette antimatière sont réunies et se tiennent par la main (normalement elles se détruisent) par Jacques Livchine et sa troupe et alors, oui, il s’agit de théâtre et c’est une chose équivalente à la beauté du monde. Je me disais dans mon carnet (une pensée, une théorie) à un moment de cette représentation-voyage  : « La beauté est insupportable, il faut des spectacles pour la supporter ». Spectacle incomparable de l’aube. Mesdames et Messieurs, voilà que la nuit agonise...




C'est très difficile de parler des spectacles (c'est une bonne nouvelle, en un sens), mais disons (je l'ai revu), c'est pour moi LE spectacle du festival. Absolument inoubliable. Une nourriture infinie. Celle dont j'avais besoin. Sinon rien. D'une invention sidérante. D'une audace. Une expérimentation (de la perception) bouleversante.

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