Sunday, November 11, 2018

Cher Yves-Noël, 
votre Phèdre doit être lancée maintenant, ça y’est elle s’ébroue seule sur les vagues et se cogne à toutes ces paires d’yeux qui l’enceignent ! 
J’espère que vous aurez reçu un chaleureux accueil du public.
Vous dire que j’ai beaucoup aimé découvrir ce travail et vous rencontrer. Nous n’avons pas eu vraiment le temps de nous parler, toujours un peu court dans ce contexte et puis les mots viennent souvent après. J’ai adoré entendre les mots du poète trouver leur chemin. Le labeur de la mémoire y est sans doute pour quelque chose et tant mieux - moi en tous cas,  je suis contente d’avoir assisté à cette étape là, merci. Elle me fait travailler, comme spectatrice, elle me fait expérimenter et comprendre un tas de choses précieuses.
Stupéfiant comme Baudelaire et Racine s’éclairent l’un l’autre. Je suis sûre que dans n’importe quel ordre ça marche. Ca fait comme un effet subliminal, le deuxième re-enrichit le premier. Et très très beau l’écriture de la lumière et du son. Elle chasse ou cloue la parole (dans Racine). Bravo!
J’ai vécu une drôle d’expérience dans la deuxième partie (Baudelaire), l’impression d’être en contact avec la langue du poète, dans ce qu’elle a de plus physiologique. Pour la première fois, cette sensation étrange : que le poème était une espèce de membrane entre l’espace et moi. Je n’avais rien bu pourtant (dommage).
Dans ce noir total, on se met à entendre ses petits bruits intérieurs, sa salive qu’on avale, les petits trajets de je ne sais pas quels liquides et bulles multiples qui se fraient un chemin. Et les mots du poète se mettent à se mêler à tous ces petits bruits intérieurs, dans son soi; alors on se met à sentir physiquement aussi le geste éructant du poète, les mots liquides qui s’écoulent ou les mots projetés qui claquent et que l’expérience de son corps à lui, sans doute ont fait surgir. A ce moment là, la voix de Racine se re-entend. La nature prend une dimension dingue.
Waouh ! 
C’est une drôle de superposition, un truc un peu de l’ordre de l’hallucination, où tout est un peu flou mais en même temps très cohérent...
On se voit donc à Arles, en prison le 30/11. Nous y étions hier avec Laure. Discussions passionnantes autour de la question du personnage de Bérénice objet ou sujet libre par exemple. Les thème contemporains que les gars peuvent déceler dans la pièce guident nos débats. Ils sont hypers réactifs, très cultivés. On a parlé de Barthes aussi. 
Nous parlons souvent de l’importance de la langue qui structure la pensée, guide l’action, de son irréversibilité (je crois que c’est un thème très important ça chez racine), la langue qui est l’enceinte à l’intérieur de laquelle tout se joue...
Alors ça va être super que vous veniez. Me réjouis que les détenus vous rencontrent et que nous échangions ensemble. Encore un grand merci pour votre intérêt !
Amitiés
Sara Louis

Labels:

1 Comments:

Anonymous Anonymous said...

Tu représentes la lie de l'humanité en mensonge et en égocentrisme. Tu n'es pas fiable, malsain, fourbe et sans conscience.

Toute ta méchanceté te conduira vers une fin de vie en souffrance

3:29 AM  

Post a Comment

<< Home