Tuesday, April 16, 2019

A tous


Je suis amoureux de Tchekhov. Je viens de finir la biographie de Virgil Tanase (Folio) qui est très, très bonne. Tu vois un type qui n’a eu de cesse que d’échapper au pouvoir, y compris le pouvoir d’écrire (et le pouvoir l’entourait de ces rets, de ces tentations, de ces femmes, toute sa vie). C’est quelqu’un qui me bouleverse — aux larmes. Imaginez : il détestait écrire, il ne le faisait que quand il n’avait plus d’argent. Imaginez : la critique démolissait ses pièces qui se jouaient pourtant à guichet fermé. Imaginez : il n’était pas révolutionnaire, il pratiquait la charité, il soignait, il aidait, il aimait. Imaginez : il se méfiait du pouvoir des femmes, il refusait le mariage, il baisait beaucoup, mais refusait le mariage. Imaginez : il s’est occupé de ses parents toute sa vie, qui vivaient avec lui — et de ses frères surtout ainés très malheureux. Imaginez : il était petit-fils de serf. Imaginez : il ne croyait pas en lui ! Imaginez : il n’aimait pas la solitude, toujours des foules de gens chez lui (comme dans ses pièces), sauf la pêche à la ligne — mais il détestait la chasse. Imaginez : il observait. Imaginez, la phrase de Spinoza s’applique à lui : « Ni rire, ni pleurer, ni haïr, mais comprendre. » Imaginez : il rendait service. A tous.

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