Wednesday, May 08, 2019

A bsolument rien


On essayera d’être très général. La mort et la vie. Ou dans l’autre sens. La vie et la mort. Et on essayera d’être le plus sensible possible. Ces choses-là, ça ne se comprend pas, c’est leur beauté. Mais ça se vit. La vie. L’approche de la mort. La soirée est librement inspirée de Rester vivant, premier essai de Michel Houellebecq, sorte de Lettres à un jeune poète à qui le narrateur conseille de ne pas se suicider. « Apprendre à devenir poète, c’est désapprendre à vivre », écrit-il. 

Réflexion sur le théâtre et ses fantômes, la vie et sa solitude, le désespoir et l’amour, cette soirée est aussi une soirée sur rien. Mes spectacles, en effet, ne valent que de parler de rien, voudraient n’avoir aucun sens, au sens de Tchekhov dans les Trois Sœurs : « Le sens… Tenez, il neige. Où est le sens ? » — ou au sens de Guillaume IX d’Aquitaine, premier troubadour français connu (XIème siècle) : 

« Ferai un vers d'absolument rien
Ne sera sur moi ni autre gens
Ne sera sur amour ni sur jeunesse 
Ni sur autre chose 
Je l’ai trouvé en dormant
Sur mon cheval 

[…]

J’ai fait ces vers ne sais sur quoi 
Et les transmettrai à celui
Qui les transmettra à un autre 
Là-bas, vers l’Anjou
Pour qu’il me fasse parvenir de son étui
La contre-clé » 

Mes spectacles imprévus apparaissent alors que personne ne les attend. C’est l’essence de la création artistique : personne n’en a envie, personne ne sait. Ce qui apparaît ne manque pas.


Yves-Noël Genod

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