A Cuba
« À Cuba, il n’y a pas si longtemps, cette hypocrite domination du Bien était orchestrée non par des militants et des réseaux sociaux, mais par l’État communiste tropical. J’ai connu les dernières années de cette farce rouge et vert olive (prune, en somme). On finançait et célébrait systématiquement les auteurs corrects, opportunistes, ceux qui allaient dans le sens du vent. On isolait et on condamnait tout aussi systématiquement ceux qui, comme il est écrit sur la tombe du surréaliste Benjamin Péret, ne mangeaient pas de ce pain-là : dire ce qu’il faut, au moment où il faut, pour être un homme (ou une femme) comme il faut. Le temps a fait le tri, assez vite. S’il n’y avait pas que de bons écrivains dans le second groupe, celui des parias, il n’y en avait que des mauvais dans le premier. Ils n’étaient pas forcément mauvais à leurs débuts, loin de là ; mais, en sacrifiant leur liberté de pensée, de créer, aux exigences circonstancielles d’une société, les meilleurs y ont perdu leur talent. Il y a une justice en ce monde, mais ce n’est pas celle dont on nous parle ordinairement. »
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