Thursday, November 05, 2020

C ompassion pour les réprouvés, les monstres, les assassins


« Quel enfant étiez-vous ?


Je crois beaucoup au mot de Wordsworth, que « l'enfant est le père de l’homme ». L'enfant qu'on a été, qui a rêvé d'un futur héroïque, juge l'adulte qu'on est devenu. C'est un regard que je sens fréquemment. Je ressentais, enfant, et pressentais beaucoup de choses, comme ce fait qu'on est un élément de la nature totale. Dès que je voyais quelque chose, j'étais immédiatement cette chose-là. Pour moi, c'était une douleur par moments, regardant un objet, qu'il ne puisse s'animer, s'exprimer. C'est pour ça que les animaux passent de sales quarts d'heure avec les enfants, parce que vous essayez de les faire parler ou de manger comme vous... C'est ce qui se passe après dans mes textes, la réanimation des objets par la poésie. On se rend compte aussi plus tard qu'on a éprouvé, enfant, le principal, le plus profond : la compassion pour les réprouvés, qui doit rester chez l'adulte. Dans ma rêverie, j'étais très attiré par les réprouvés, les monstres, les assassins, parce que je sentais que c'était là la naissance de la pensée. Vous êtes tout le contraire de celui ou celle pour qui vous éprouvez de la compassion, et vous commencez à penser le monde, et à penser votre compassion. »

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