Monday, February 22, 2021

I mmoralité


Oh ! cher « Libération », je suis désolé d’avoir à te le dire, je suis de plus en plus déçu par toi… Tu es devenu un journal de dénonciation. Certes, je sais bien que c’est dans ton ADN. Serge July appelait au lynchage d’un suspect (finalement innocenté, mais peu importe) dans « La Cause du peuple », au point que Jean-Paul Sartre (pas un enfant de cœur, n’est-ce pas ?) dû se désolidariser, soulignant que la dénonciation (d’un système) ne devait pas viser des personnes. Je suis d’accord avec Sartre. Je trouve que « Libé » traverse une de ses périodes les plus dures, les plus pénibles, les plus caricaturales. Je ne sais pas comment font les journalistes (que j’admire) pour y travailler encore. Il y a parfois trois articles de dénonciation par livraison. J’achète systématiquement le « Libé » du week-end parce qu’il est plus gentil (une sorte de trêve) et surtout parce que le « Libé des livres » est un extraordinaire plaisir. Mais même cette trêve est maintenant défaite — ce qui fait que je me mets à t’en parler : laisse-moi au moins le week-end ! Parfois, je t’achète aussi pendant la semaine à cause des mots croisés (en fermant les yeux sur les autres pages) — parce que mon amie est très douée en mots croisés et que j’essaye moi aussi de m’approcher de cette capacité que j'admire… et sans doute aussi pour le prétexte de t’acheter encore, toi que j’ai tellement aimé…

Bien à toi, mon amour de jeunesse, 

Yves-Noël Genod


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