Tuesday, November 02, 2021

U ne lumière diffusée sur quelque chose qui disparaît


Depuis 2003, je donne des spectacles-poèmes et je crois que c’est ce dont nous avons encore le plus besoin à notre époque qui écrit la fin du monde : de poèmes — rien que ça — qui écoutent.

Mon travail m’oblige à considérer la poésie comme une chose sérieuse. La poésie est-elle comme un élément naturel elle-aussi en voie de disparition ? Peut-être. Ainsi, survivants, nous ne nous devrions qu’à des spectacles-poèmes, c’est-à-dire à en faire moins, plus maigre, plus beau (regard, nature), plus radical (mon association s’appelle Le Dispariteur, titre aussi d’un spectacle-manifeste à la Ménagerie de verre, sans technique aucune, éclairé d’une seule bougie chauffe-plat après trente-cinq minutes de noir total), faire décroissant, c'est-à-dire faire le moins possible contre et le plus possible avec, diminuer l’action, accroître la connaissance, refaire connaissance, faire place à la vie qui s’invente partout (un peu comme Gilles Clément définit l’art planétaire du jardinier, ce qui a été l'inspiration du spectacle Je m’occupe de vous personnellement au Rond-Point en 2012) — si nous ne délivrons pas la lumière, nous laissons la place aux ténèbres. Ce que je tente (depuis bientôt vingt ans, dans ma tente), c’est de cultiver ce qui, dans le désastre, ne relève pas du désastre. Plus que jamais, donnez la possibilité à ce travail de murmurer sa faiblesse qui est sa force,


Yves-Noël Genod

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