Pendant que l’été n’en finissait plus, asséchant le pays comme la Sicile et allumant des feux comme l’Etna, je me suis baigné dans l’Ain, rivière dont le nom (qu’elle partage avec le département qu’elle traverse), vient peut-être de l’arabe « aïn », « source », mot peut-être resté à la suite de l’occupation sarrasine — je fais ici comme Houellebecq, je pompe Wiki. Quand j’étais petit, je trouvais merveilleux que le département qui s’appelait Ain (un) soit aussi le premier sur la liste. La rivière cet été est très belle, pleine d’eau, une exception ; je ne me souviens pas de m’y être baigné quand j’étais gosse ; nous allions sur le plateau de Retord, vaste espace de prairie et de forêt, faire du ski, voir la famille de mon père, mes oncles et tantes, mes cousins, les très beaux couchers de soleil d’hiver… mais pas sur les bords de l’Ain pourtant à 20 km, pourtant sublimes. L’Ain tranche les chaînes par des cluses et dessine un tracé en baïonnette. J’aimerais bien pousser tout à l’heure jusqu’au lac de Nantua, à 40 km, si beau il parait, le lac bleu-rouge ; je ne l’ai pas fait jusqu’à maintenant parce que j’étais avec une personne qui souffrait d’un lumbago violent et exigeait de ne pas rouler trop. Petit, je ne connaissais du lac que la sauce « Nantua », nappage merveilleusement onctueux des quenelles de brochet, préparé avec un beurre d’écrevisse « à pattes rouges » qui pullulait jadis dans le lac et les cours d’eau du Bugey où elle se nourrissait des restes de viande accrochés aux peaux que les tanneurs laissaient tremper. Il y en a de moins en moins, elle est remplacée par une espèce invasive, l'écrevisse de Californie. C’est le lac nocturne de mon enfance, celui désiré-rejeté et, voyez, je n’y suis jamais allé. Il y a tant de choses à faire pour la première fois dans une région natale oubliée, méconnue, enfouie dans le « jadis » d’on ne sait quelle époque d’avant
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