L ittérature de l’instabilité
« Voilà avec quoi je me bats, cette grande masse informe qui change sans cesse, et qui n’est pas capable de s’accorder elle-même sur sa véritable nature, voilà à quoi j’essaye de donner forme et, en ce qui me concerne, parlant à présent moins comme écrivain que comme lecteur, je préfère accorder ma confiance aux auteurs qui reconnaissent l’existence de cette bataille, qui vous font comprendre que toute forme qu’ils imposent à cette masse confuse n’est que provisoire, que leur vision personnelle du monde vient s’interposer, qu’il est très difficile de sortir du cadre. »
Par ces jours de grands froids, j’écrivais dans mon carnet, sans doute devant un spectacle à la beauté incomparable (puisque j’en parlais ensuite dans le même mouvement) : C’est bizarre, cette histoire de « consentement »... « Quand c’est non, c’est non »... Je ne comprends pas bien, parce que, moi, je crois que c’est toujours oui. Il y avait même le titre d’un double spectacle (un diptyque) joué à la Cité internationale [Où je me trouvais et sans doute la raison pour que ça me revienne.] qui s’appelait, titre volé (donc sans son consentement) à Stéphane Bouquet (l’un des plus grands poètes que je connaisse) : — je peux / — oui. On me demande si je veux, si je peux : je réponds toujours oui. Il m’est arrivé de dire non, mais c’est de l’ordre du remords, quelque chose qui me poursuivra jusqu’à la fin de mes jours. Salaud d’avoir dit non. Horreur de se souvenir d’avoir dit non alors qu'on me proposait d’être seulement un morceau de chair, merveilleusement un morceau de chair, toujours merveilleusement. Amitié pour tous les gens que j’ai blessés en disant non, regrets, tendresse, pardon supplié. [Ensuite je parlais du spectacle à la beauté à nulle autre comparable, sans doute le spectacle qui — lui aussi — disait toujours oui...]
stephane.bqt : Je lis cela avec retard mais merci merci et je suis bien d'accord avec le oui et je pense à la fin du monologue de Molly Bloom : oui je veux bien oui. Et oui ouvre toujours plus de mondes même parfois déplaisants que non.
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