P ensées lupines
Je suis dans un train en première (plus de place ailleurs) qui me rapporte à la maison ; à Bruxelles, j'ai donné des cours dans une école d'écriture, figure-toi, un master en deux ans, des cours de théâtre, bien sûr. Il n'y a plus d'eau dans les toilettes et je pense que c'est incroyablement difficile de faire tenir le monde. Même à 124 € personne n'est au fond capable de réparer le robinet électronique des toilettes — qui pourrait s'y intéresser ? Les vingtenaires adorables que j'ai rencontrés me foutent la frousse, j'ai peur pour eux. Ils sont dans une école précieuse et délicate, somptueux locaux d'une ancienne abbaye entourée d'un parc, mais ils semblent si fragiles, comment survivront-ils ? J'en veux beaucoup aux militants (de mes amis) qui leur bourrent le mou avec des slogans du genre « PATRIARCACA ». En quoi — en rien — cela peut-il les aider ? Ça les affaiblit beaucoup... En fait, je voudrais bien sûr les aider (comme on m'a aidé dans la vie), mais la tâche me paraît trop immense, je ne sais par où commencer. L'impression que c'était infiniment plus facile pour nous — ou bien c'est une vue de l'esprit ? (Comme tu vois, je t'inclus assez cavalièrement dans ce « nous ».) Je pars en Suisse romande après-demain pour la suite de cette « tournée internationale ». Je lis un livre sur les loups (Baptiste Morizot) et j'aimerais être un loup. Tu ne veux pas m'écrire un livre sur les loups ? J'aimerais qu'il n'y ait plus que des livres sur les loups, oui, mon Dieu ! j'aimerais n'être qu'un loup, un jeune loup... Vivement ma réincarnation ! 😘
Merci de ce beau message. Ce qui est stupéfiant, c'est ton instinct cosmique : je suis en effet en train d'écrire un livre, et oui oui oui, il y aura un loup, dedans, et quel loup ! Ce livre est trop immense pour moi, comme pour toi la tâche d'aider ces gens, comme pour Herman Melville d'écrire Moby Dick. C'est exactement pour ça qu'on doit y aller.
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