En ce moment, je lis Umberto Eco. Déjà lu 500 pages, il m’en reste 400, du Pendule de Foucault. Je vais y arriver. Je le veux. Alors, aussi, je suis tombé sur un débat qui m’a fait penser à ce que vous aviez fait lors de notre première rencontre.
Ce qui me permet de souligner ici ce que je pourrais apprécier dans ce que vous me montrerez mercredi, les qualités d’humour (« on peut rire de tout », devise indispensable), de détachement, de culture et donc d’humilité (savoir dans la durée d’une vie humaine, c’est savoir qu’on ne sait rien — jouez donc aux vieillards plutôt qu'aux jeunes — ou en même temps), d’implication et d’éloignement, de digression, de confiance, d’improvisation, de « moment présent » (le kairos), de plénitude, de rapport avec le public, de jeu, d’ironie, de tendresse, l’idée que la vie est un bon moment à passer ensemble, d’absolu personnel, d’envers-et-contre-tous, l’excellence, le courage (pas l’autruche, mais le chevalier Bayard qui reçoit pour donner), l’invisibilité — ou la porosité (laisser, à travers soi, passer les regards comme Proust explique qu'il faut lire par transparence (un autre livre que celui qui est écrit) et regarder aussi le monde en transparence), etc.
ce qui peut tout à fait bien s'ajouter aux qualités (ou thématiques), mon Dieu, obligatoires, auxquelles nous ne couperons pas, même si nous en avions l’envie (c’est l’air du temps), les thématiques d’identité, d’autofiction, de vengeance, de retournement de situation, d'affirmation de soi, de revendication, de plainte, de peur, etc.
Une citation merveilleuse : « I used to be perplexed, but, now, I am no longer sure of it ». C’est Umberto Eco qui la cite dans l’interview, en expliquant qu’il n'en a jamais trouvé vraiment la source…
Prenez confiance dans vos capacités de maturité : c’est fait, c’est déjà fait, l’effort pour y parvenir ne se montre pas. De toute façon, ce sera réel. Un moment — de réel (c’est-à-dire qu’on doit n’y rien comprendre) dont vos textes tenteront le bref récit (à la Tchekhov), le poème…
Cela peut-être aussi, trouvé sur Wikipédia, sur la notion de « lecteur implicite » (ou spectateur) : « Eco avance alors la notion de texte en tant qu’espace « paresseux ». Par ce concept, il entend faire comprendre au lecteur que la lecture est une activité créatrice, qu’il est un agent actif du texte. Ce lecteur impliqué dans le texte est ce qu'Eco nomme un « lecteur modèle », c'est-à-dire un agent capable d'actualiser les propositions du texte afin de saisir le plein potentiel du texte. »
YNG
Tu peux y ajouter cette méthode un petit peu poussée, un petit peu exigeante (il faudrait plus d’une journée, nous n’atteindrons sans doute pas le dernier stade mercredi, tout au moins nous ne pourrons pas le vérifier), mais qui peut peut-être leur donner la mesure d’une ambition au moins théâtrale (c’est extrait du Pendule de Foucault) :
« Au premier stade, tu devrais réussir à communiquer avec d’autres esprits, puis projeter en d’autres êtres des pensées et des images, charger les lieux avec des états émotifs, acquérir de l’autorité sur le règne animal. Dans un troisième temps, tu essayes de projeter un double de toi dans n’importe quel point de l’espace : bilocation, comme les yogis, tu devrais apparaître simultanément en plusieurs formes distinctes. Après, il s’agit de passer à la connaissance suprasensible des essences végétales. Enfin, tu essayes la dissociation, il s’agit d’investir l’assemblage tellurique du corps, de se dissoudre en un lieu et réapparaître en un autre, intégralement — je dis — et non pas dans son seul double. Dernier stade, la prolongation de la vie physique…
— Pas l’immortalité…
— Pas dans l’immédiat. »
Bises,
YN
Labels: bruxelles, correspondance, la cambre
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