L e Mal de vivre
Supporteriez-vous que je me plaigne encore ? De quelle durée durent les deuils ? Les accidents de la route ? Les exils ? Dans le Temple du Sombre dont ma vie est enclose, est-il possible d’entrevoir… Pendant longtemps, si longtemps, quand on me demandait : « Comment ça va ? », je répondais, sonore, fanfaronne, la politesse du désespoir : « Très bien, merci ! », d’une franche et stupide honnêteté… Si, il y a quand même des ruines de sourire, n’est-ce pas ? Ce pâle printemps, mais est-ce racontable ? non, ça ne l’est pas, ça se cherche, ça se soliloque, les foules sont jetées dans leur cauchemar et nous sommes une parmi mille pistes et ces millions et ces milliards, nous ne sommes pas différentes. Laissez-moi vous dire que je vais mal…
Et puis on entre dans une librairie après le travail, on hésite à descendre dans le métro, il fait encore jour, on va vers les beaux jours, c’est humide, c’est chaud, c’est l’amour des plantes et on entre dans une librairie pour voir si d'un titre — parmi les milliers qui ne font que trop signe —, si un livre dirait la vérité. Il y a des titres, on les aligne, comme : Culbuter le malheur, Fabriquer une femme, Ecrire pour guérir… mais tous ces titres mentent, on le sent bien… « Ce n’est plus permis de mentir ? — Non, ce n’est plus permis… — Pourquoi ? — Il y a trop de mensonges… » Raison d’insister
« Vous ne croyez pas ce que nous disons
parce que
si c’était vrai
ce que nous disons
nous se serions pas là pour le dire. »
C’est un livre de Charlotte Delbo
Alors on est sauvé comme ceux qui ne le sont pas
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