Wednesday, April 09, 2025

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J’étais amoureuse d’une femme qui racontait sa vie à haute voix. Pourquoi parler au passé ? Je préférerais dire : Je suis amoureuse d’une femme qui… Parfois je pense que l’histoire avec Legrand cache mon véritable amour par devers moi. L’histoire de cette femme. Avec Legrand il n’y a pas de réciprocité. Il paraît que dans le film d’Alain Guiraudie, le curé se confesse et avoue son amour « pur » qui n’attend pas de réciprocité.

Simplement, cet amour pur va permettre au curé de ne pas dénoncer le meurtrier. C’est dans un confessionnal que cela se dit, le curé demande au meurtrier de le confesser et donc il lui avoue qu’il sait qu’il est le meurtrier, qu’il ne le dénoncera pas et qu’il l’aime.

C’est Legrand qui m’a raconté ça, à l’église Saint-Louis tout à l’heure, on a failli jouer à ça, au confessionnal, mais je n’ai pas osé. Juste assise, vite relevée. J’avais peur que Legrand m’avoue des choses inavouables. Ou le contraire. Je n’ai pas voulu voir le film car je n’ai pas fini le livre (j’en ai lu 600 p sur 1000), mais que j’ai l’intention de le finir — en imaginant — puisque ce sont les mêmes personnages — mon propre curé, etc. Imagination changeante d’ailleurs à mesure des rectifications du livre. Ici aussi je voudrais que Legrand change. Oh, comme je voudrais qu’il change ! Je voudrais qu’il soit assez vide, comme une coquille vide, pour se remplir de choses et d’autres, de lui et d’autres.

Maintenant Legrand est soi-disant à l’étage. Je n’y crois pas. Il est possible qu’il y ait qqn, tout à l'heure j’entendais comme des pages tourner, des pages de journal. Mais Legrand lui-même, non, je n’y crois pas. Je n’en peux plus de Legrand, il met trop de limites. Je ne peux pas, par ex, le lécher partout sur le corps ou même à certains endroits qu’il m’indiquerait, mais il ne m’indique rien, il m’indique de ne pas le faire. Alors, que faire ? Moi, je propose et, lui, qu’est-ce qu’il propose ? Eh bien, il ne propose pas grand chose, force m’est de constater. Cet amour absolu que j’ai pour lui (mais qui cache un autre amour, je le crois), je ne peux que l’exprimer ici, sur ce faux papier, mais pas à lui.

Je suis un peu gênée dans mon épanchement par tout un tas de gens, la famille… qui croient le reconnaître. Ahah ! Mais de qui parle-t-on ? Il a dit à sa mère qu’il venait me voir et sa mère a ironisé : « Comme ça, j’aurais le récit de ton week-end ! » Jamais je n’écrirais sur Legrand si Legrand lisait ce que j’écris (sur lui ?), mais il y a tout un tas de bonnes âmes qui le lui rapportent, c’est pénible. Source de malentendus sans fin. A la Christine Angot. Même si, je lui reconnais ça, Legrand s’en fiche de ce que je peux écrire ici car il ne m’aime pas. Il ne m’aime pas, c’est aussi simple que ça. Et mon amour n’est pur qu'en érection — comme celle du curé qui finit par mettre le meurtrier dans son lit pour « l’alibi » et se retrouve par « crédibilité » à la montrer aux flics qui déboulent : meurtrier sauvé
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