Beaucoup de choses dans ta lettre. D’abord une gentillesse débordante.
1) Ce n’est pas étonnant qu’on ne me propose plus rien, ça s’appelle : « La roue tourne » ou « J’ai fait mon temps ». Il y a 22 ans maintenant quand j’ai commencé, j’ai répondu à une commande, celle du chorégraphe avec lequel je travaillais à qui on avait proposé une programmation carte blanche dans un festival ; à son tour, il m’a proposé de fabriquer (en le produisant) mon premier spectacle (EN ATTENDANT GENOD). J’ai raconté tellement de fois cette histoire que tu dois la connaître. Ça a marché, ça m’a ouvert une liberté incroyable, une reconnaissance, mais j’ai tout de suite pensé : « S’il ne me l’avait pas proposé, je n’aurais sans doute jamais rien fait ». Je serais restée interprète, ce que j’étais et ce que je suis de nouveau. C’est arrivé comme ça, ça s’est enchainé à partir de ce premier geste et c’est reparti de la même manière (avec un peu plus de temps, de prolongations…) ; j’ai eu peu à peu moins de propositions, moins d’argent et surtout moins de public (j’ai travaillé des années en Suisse, une sorte de cauchemar au niveau du public !) Donc, à un moment où j’ai eu encore une proposition (la péniche Pop, à Paris), j’ai annoncé que c’était mes adieux. Alors, bien sûr, si on me reproposait de faire qqch, pourquoi pas ? La difficulté (que j’assume), c’est que je n’ai jamais fait aucune démarche dans ce sens, je n’ai jamais cherché du boulot, les spectacles se sont enchaînés tant que ça marchait, tant que j’étais à la mode. C’était toujours des commandes (on me donnait un lieu, des dates et un budget que je ne discutais jamais) et, en même temps, des cartes blanches (avec parfois des désirs particuliers exprimés : que tu travailles avec telle comédienne, etc.), j’aimais beaucoup l’effet de commande. Quelqu’un veut, alors j’y vais. S’il n’y avait pas eu ça, je n’aurais jamais rien fait.
2) Pas du tout contre ton enthousiasme et ta proposition. En mai, je suis libre.
3) Envie depuis un moment de revivre un peu à Bruxelles. Pourquoi pas pendant les fêtes, si tu me prêtes ton appartement. Si tu rentres à Paris le 18, j’y suis encore, peut-être donc qu’on pourrait se croiser à Paris, le 18 ou le 19…
4) La dernière personne avec laquelle j’ai été en contact à Bruxelles, c’est Antoine Pickels. Il a failli prendre ce spectacle d’adieu qui s’appelle TITANIC, HÉLAS, on avait trouvé un lieu… et puis il n’a pas eu l’argent qu’il espérait, il a dû réduire sa voilure cette année-là. Il est adorable. Son festival (s’il le donne toujours, je ne sais pas) s’appelle TROUBLE.
Bises,
Marie-Noëlle
Labels: correspondance

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