Thursday, November 04, 2010

La Fonction de la musique

« Je dirais que la fonction de la musique est de changer la conscience pour qu’elle s’ouvre à l’expérience, qui est forcément intéressante. »

N’avoir pas d’ego à ce point est quand même tragique. Passer pour un pédé, par exemple, se foutre de ce que les gens pensent de vous à ce point, se dissimuler à ce point, c’est quand même tragique. (Mais y a plus grands tragiques que moi…)

« Je me suis amusé en lisant Thoreau de découvrir que pratiquement toutes les idées que j’ai eues tenaient debout », dit John Cage. Toute proportion gardée, c’est exactement ce qu’il m’arrive à moi lisant John Cage. Jorge Luis Borges m’apprend tout, mais John Cage (toute proportion gardée) me conforte. Comme monsieur Jourdain, je vous dis…

On entend les cloches pour la première fois (elles s’étaient arrêtées pour la Toussaint ? Ou alors on était sorti…) Elles se mêlent à la musique du salon. Pendant un moment, c’est John Cage – et le bruit des voix, aussi dans le silence. Il y a une telle différence – de nature – entre « on me fout la paix » et « on ne me fout pas la paix » et ça semble tellement facile – ici – qu’on me foute la paix, que je ne comprends pas pourquoi ce n’est pas tout le temps. Peut-être que je me charge des malheurs du monde, d’une part des malheurs du monde – peut-être qu’il y a une culpabilité qui traîne (certainement), celle qui dit : « Le monde pourrait être meilleur… » Et pourtant le luxe est à portée de main. Ici, ce n’est pas Auschwitz, ici, ce n’est pas l’Afrique ou les favelas, ici, ce n’est pas Tokyo ou Hiroshima. Ici, c’est la Bourgogne absente depuis quelque temps de la carte des malheurs du monde. Il n’y a plus la peste, il n’y a plus l’invasion, il n’y a plus la famine ni la maladie et la mort… Il y a Victor Lenoble et Olivier Veillon qui ont vingt-cinq ans.

« Si, quand je suis dans les bois, les bois ne sont pas en moi, ai-je le droit d’être dans les bois ? »

« En Inde, ils disent que la musique est continue ; elle ne s’arrête que si nous nous détournons et cessons de prêter attention. Thoreau dit que le silence est comme une sphère. Chaque son est une bulle à sa surface. »

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