Thursday, July 28, 2011

Je dîne avec Claude Régy (photo non transmise au journal)

Dans un Thaï, rue Tiquetonne (le deuxième en venant de la rue Montorgueil, je me souviens que Claude a dit : « Allons plutôt au deuxième. ») Claude Régy s'étonne des foules et des foules qui se multiplient à Paris. Dans le quartier qui est le sien (les Halles), les terrasses apparaissent et s'étendent, colonisent, pleines à tout heure du jour et de la soirée. C'est vrai, je suis étonné, moi aussi qu'il y ait tant de monde à Paris fin juillet. Quand est-ce que tout le monde meurt ? Claude dit qu'il a voulu aller jusqu'à la place des Vosges à pied, l'autre dimanche après-midi, mais qu'il n'a pas pu avancer. En effet, rue Rambuteau, rue des Francs-Bourgeois, un dimanche après-midi, c'est bouché... Je ne sais pas trop de quoi on parle avec Claude. On est content de se voir, de bien manger, d'être encore vivant. Je suis plus jeune que lui de quarante ans, mais le lien est subtil. (Claude fait beaucoup pour qu'il n'y paraisse pas.) Il y a une chose que je n'ai jamais retrouvé chez d'autres, c'est que Claude, quand il parle des gens, d'un tel ou d'un tel, dit très souvent : « Il est fou. » Je me souviens que quand j'avais commencé une psychanalyse (il y a très longtemps), cela agaçait ma psy que je parle comme ça : « Mais cessez de dire ça. Les gens ne sont pas « fous ». Les vrais fous, croyez-moi, c'est autre chose. » Certes. Mais c'est une façon de parler. Claude le dit toujours. Michel Cassé ? « Il est fou. » Jean-Claude Ameisen ? « Il est fou. » C'est peut-être un compliment dans sa bouche... Henry Meschonnic ? « Il est mort. » Je lui fait part de mes angoisses, moi aussi, quant à la vie, la carrière. Mais, demain, je vais à Lourdes. Comme je lui ai fait part aussi de mon désir de dire L'Evangile selon Jean que je trouve tellement beau, il s'inquiète sincèrement de mon retour au religieux. « Non, c'est vrai, tu vas à Lourdes ? » Je lui fais remarquer quand même que je le trouve soudain bien anticlérical, lui qui prononce le Notre Père avant chaque répétition... « Oui, mais j'ai changé les paroles. » (C'est donc qu'il le prononce toujours.) Il dit : « Notre Père qui êtes nulle part... » Et il me quitte en disant, au bout de la rue Jean-Jacques Rousseau : « Sois sanctifié ! » Je l'aime, Claude, Je l'aime bien, ce bonhomme...

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