Animal de légende
Laura avait trouvé moyen de clore l’affaire. Olivier ayant
inondé Facebook de 400 ou 4000 photos toutes légendées (légendes
hollywoodiennes) d’un jeune homosexuel narcissique (pléonasme deux fois) qu’il
avait même probablement baisé (ou tout comme, une pulsion). Mais Laura avait eu
le mot pour clore l’affaire. On était tous là parce qu’Olivier avait reçu le
prix Rive Gauche à Paris pour son premier roman, Bohème – un chèque de 2000 euros et un bandeau sur le livre pour relancer les ventes – et qu’il y avait une petite réception dans un
restaurant baroque de Montparnasse. Et Laura avait dit
soudain : « Mais, dis-moi, Olivier, le type que tu as photographié,
nous les Italiens, c’est tout à fait ce que nous appelons un « manzo ». »
Et elle avait expliqué : « Manzo, c’est entre le veau et le
bœuf. » Oui, voilà ce qui avait fait redescendre de son Olympe Olivier
(qui y grimpe souvent). Il avait aimé, oh, ce n’était pas Johnny Depp, ce
n’était pas Matt Dillon, ce n’était pas River Phoenix, cette fois, c’était
juste un manzo ! C’était entre le veau et le bœuf, ce n’est pas gentil
pour Luca, ce que j’écris maintenant (Luca que j’adore), mais ça nous avait
tellement fait rire ! J’avais répété le mot à tue-tête, « Un
manzo ! un manzo ! » Enfin, ç’avait été une belle soirée où
j’étais encore une fois retombé amoureux de Pierre, mais, ça, c’est la routine
(et une autre histoire) – où était apparu aussi un autre chat qui
s’appelait Mickey, extrêmement gentil, le vieux chat du Select qui nous avait regardés avec des yeux si intelligents, si profonds, comme « revenus de
tout » et qu'Olivier avait pris dans ses bras. Olivier affirmait que ce chat avait connu tous les écrivains depuis quinze ans ou peut-être même avant, qui sait ? désincarné et que,
la dernière fois qu’il l’avait vu, c’était sur les genoux de Philippe Sollers (en train d'écrire...) Toute la littérature
française contemporaine, c’était cela, revenu de tout.
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