L'Aura
Il y a beaucoup de
spectateurs qui décrivent leur expérience, leurs sensations, qu'ils traduisent
avec des images, des associations d'idées, des souvenirs d'autres spectacles,
mais évidemment, ce n'est pas de la critique au sens strict. J'ai discuté un peu
hier soir avec ton génie de la lumière et Valérie, on a parlé de l'« aura »
de Benjamin, que je suis en train de lire. De mémoire, je disais: « l'aura,
c'est ce qui est proche, aussi lointain soit-il », et en reprenant le texte,
c'est, plus exactement : « Une singulière trame d'espace et de temps :
l'unique apparition d'un lointain, si proche soit-il. Suivre du regard, un après-midi
d'été, la ligne d'une chaîne de montagne à l'horizon ou une branche qui jette
son ombre sur lui, c'est, pour l'homme qui repose, respirer l'aura de ses
montagnes ou de cette branche. » Tout ça pour dire que si j'étais critique
(si c'était mon métier), je fonderais mon commentaire, d'un point de vue théorique,
sur cette question de l'aura, qui me semble une voie possible pour parler de
ton spectacle, au-delà des sensations immédiates et du choc de certaines images
(le « choc »: autre notion développée par Benjamin dans son texte sur
Baudelaire... et là aussi, plein de choses à dire : les fenêtres – le poème en
prose de Baudelaire –, la ville et la foule qu'on observe depuis la fenêtre, la
figure du « flâneur »...). Enfin, tu connais peut-être ces textes-là !
Bisous,
Pierre
Labels: rond-point correspondance
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