Sunday, September 02, 2012

Je dirai aux stagiaires



« C’est votre devoir sacré, d’imiter. »
Il y a une chose que je ne comprends pas tout à fait. Je me demande pourquoi, quand je répète pour un spectacle, les comédiens ou les danseurs « s’imitent » eux-mêmes de manière si sacrée, recueillent de manière si consciencieuse, si parcimonieuse leur propre trésor dont ils ne donneront jamais, généreux et avares à la fois, que des miettes, des fragments, des apparences (des lambeaux…), mais qu’ils garderont inentamé, en un sens, leur immense valeur, leur capital – et pourquoi les stagiaires ont l’air de toujours jeter tout d’eux-mêmes (dans la rivière ou les orties, dans la décharge ou dans les pleurs). C’est interdit de rien jeter de soi-même, ça ne se produit pratiquement jamais, parce que les intuitions de distribution sont en général justes, ça ne se produit pas que quelqu’un ne soit pas à sa place et que quelqu’un jette son inintérêt dans les ornières. Ça s’est produit avec Thomas Scimeca à Bologne, il jetait, se jetait (mais ça ne s’était pas produit pendant des dizaines de spectacles). Sarah a montré hier des photos sublimes de Thomas en travelo pour un film où elle était photographe de plateau, il y avait aussi Mathieu Amalric, Olivier Cadiot, un petit film dirigé par « Mario » qui est la préfiguration d’un long, c’était hier, j’étais bourré, c’est tout ce dont je me souviens, mais les photos (milliers de photos) sont sublimes et j’étais heureux de voir Thomas Scimeca, très beau, visiblement heureux.

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