Je dirai aux stagiaires
« C’est votre devoir
sacré, d’imiter. »
Il y a une chose que je ne
comprends pas tout à fait. Je me demande pourquoi, quand je répète pour un
spectacle, les comédiens ou les danseurs « s’imitent » eux-mêmes de
manière si sacrée, recueillent de manière si consciencieuse, si parcimonieuse
leur propre trésor dont ils ne donneront jamais, généreux et avares à la fois,
que des miettes, des fragments, des apparences (des lambeaux…), mais qu’ils
garderont inentamé, en un sens, leur immense valeur, leur capital – et pourquoi
les stagiaires ont l’air de toujours jeter tout d’eux-mêmes (dans la rivière ou
les orties, dans la décharge ou dans les pleurs). C’est interdit de rien jeter
de soi-même, ça ne se produit pratiquement jamais, parce que les intuitions de
distribution sont en général justes, ça ne se produit pas que quelqu’un ne soit
pas à sa place et que quelqu’un jette son inintérêt dans les ornières. Ça s’est
produit avec Thomas Scimeca à Bologne, il jetait, se jetait (mais ça ne s’était
pas produit pendant des dizaines de spectacles). Sarah a montré hier des photos
sublimes de Thomas en travelo pour un film où elle était photographe de
plateau, il y avait aussi Mathieu Amalric, Olivier Cadiot, un petit film
dirigé par « Mario » qui est la préfiguration d’un long, c’était
hier, j’étais bourré, c’est tout ce dont je me souviens, mais les photos
(milliers de photos) sont sublimes et j’étais heureux de voir Thomas Scimeca,
très beau, visiblement heureux.
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