Saturday, October 20, 2012

Faiblesse et presque peur en lisant le poème Christabel



Il y a un état – une étape, un étage – où écrire est le mal – si on peut dire – où écrire se rapproche – se rapproche comme du feu (ce ne sont que des approximations) – se rapproche de non écrire – le moment où – rien – dans la vie : rien. Le moment maudit, le moment interdit. Vous ne pouvez rien dire de où vous êtes sur cette terre ou dans quel état – vous n’avez plus forme humaine. Presque. Presque plus. Il ne s’agit pas de publier, alors, à ce moment… D’ailleurs, la société vous effraye. Vous vous êtes isolé – mais, soudain, depuis combien d’années ? La solitude à peine amenée* (comme un soulagement) vous déplaît. Vous êtes proche du mal. Le mal dont vous ne savez rien – dans l’histoire de Dieu. Problème insoluble, problème irrésolu… Vous êtes dans un château. Pas une brique, pas une tente – un château. Pas un pigeon, pas une tente, pas un carton de bohémien – non, vous êtes dans un château. Pas un manoir normand – un château. Il fait froid, il fait chaud. Les portes et les fenêtres sont ouvertes. Ce n’est pas l’été et ce n’est pas grave. Vous vous emportez.

« Plus tard, Victor Hugo dirait que le monde devait être imparfait, parce que s’il était parfait il se confondrait avec Dieu, la lumière se perdrait dans la lumière. »

« D’après ce qu’Irénée expose de leur système, les gnostiques avaient imaginé un premier Dieu. Ce Dieu est parfait, immuable et de lui émanent sept dieux, qui correspondent aux sept planètes – le Soleil et la Lune étaient considérées comme des planètes à cette époque – et dont émanent à leur tour sept autres dieux. Ainsi se constitue une sorte de haute tour de trois cent soixante-cinq étages. Cela correspond à une vision chronologique, aux jours de l’année, mais, quoi qu’il en soit, chacun de ses conclaves de dieux est moins divin que celui qui le précède, et au niveau le plus bas la fraction de divinité tend vers zéro. Or c’est le dieu de ce dernier étage qui crée la terre, voilà pourquoi on y trouve tant d’imperfections : elle a été créée par un dieu qui est le reflet du reflet du reflet du reflet, etc., d’autres dieux plus élevés. »

Il y a toute cette eau qui coule en permanence, comme une cascade…






*amorcée.

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