Sunday, October 28, 2012

Les Hostilités



Sur le quai de gare, Babeth me raconte encore des histoires de famille. Par exemple, il y avait des tantes qui, après guerre, étaient folles du plastique, elles en mettaient partout, elles se débarrassaient des vieux machins (les antiquaires les y aidaient, c’est arrivé pareil dans la famille de ma mère) et vive le plastique ! Tout ce qui était moderne, d’ailleurs, avait ses entrées au château. On faisait de la place. A cette époque, il y avait encore cinq bonnes pour s’occuper du château (ce qui, à mon sens, n’est pas de trop !) Parmi les cinq, un cocher, mais qui ne servait plus trop à ça parce qu’ils s’étaient acheté une Pendard (vérifier la marque *). Ils allaient à Lourdes avec et sa mère disait (pour se moquer d’eux) : « Le plus grand miracle de Lourdes, c’est qu’ils en reviennent ! » Le mari d’une des deux sœurs – c’était un attelage, la mère disait : « Trois têtes et une queue ! » – conduisait et disait qu’il comptait jusqu’à douze avant de se lancer sur la route (la route à platanes sur laquelle j’ai fait du vélo), il comptait jusqu’à douze avant de traverser. Sinon elle me parle aussi d’un type qui fait du théâtre avec l’aide du Conseil Général. Des pièces « très mauvaises » sur les Cathares... C’est le mari anglais d’une O’Byrne et il dit toujours beaucoup de mal des Irlandais ! Elle raconte que ce qui a déclenché les hostilités entre lui et tous les autres qui le détestent, c’est une scène dans la salle à manger. « Il mange très, très lentement – ça, il a le droit – et ma mère aimait beaucoup ses chiens – ils avaient deux chiens – et il était assis à la droite de ma mère. Alors, quand le plat principal a été fini, ma mère a pris l’os qu’il avait dans son assiette et l’a mis sous la table. – Et il n’avait pas fini ? – Il n’avait pas fini ! Oh, là, là, il a été vexé comme un poux – ou comme un dindon, je ne sais pas comment on dit... Après, quand le dessert est arrivé – c’était un dessert somptueux de chez ... (pas retenu) – et, alors, quand il a eu sa part, il a pris l’assiette et l’a mise sous la table sans y toucher. – Oh ! c’est très méchant de faire ça... – Oui, oh, ma mère s’en fichait... Mais c’est là que les hostilités ont commencé… »






* Panhard.

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