Les Hostilités
Sur le quai de gare, Babeth
me raconte encore des histoires de famille. Par exemple, il y avait des tantes
qui, après guerre, étaient folles du plastique, elles en mettaient partout,
elles se débarrassaient des vieux machins (les antiquaires les y aidaient,
c’est arrivé pareil dans la famille de ma mère) et vive le plastique !
Tout ce qui était moderne, d’ailleurs, avait ses entrées au château. On faisait
de la place. A cette époque, il y avait encore cinq bonnes pour s’occuper du
château (ce qui, à mon sens, n’est pas de trop !) Parmi les cinq, un cocher, mais qui ne servait plus trop à ça parce qu’ils s’étaient acheté une Pendard (vérifier la
marque *). Ils allaient à Lourdes avec et sa mère disait (pour se moquer
d’eux) : « Le plus grand miracle de Lourdes, c’est qu’ils en
reviennent ! » Le mari d’une des deux sœurs – c’était un attelage, la
mère disait : « Trois têtes et une queue ! » – conduisait et disait qu’il comptait jusqu’à douze avant de se lancer sur la route (la
route à platanes sur laquelle j’ai fait du vélo), il comptait jusqu’à douze
avant de traverser. Sinon elle me parle aussi d’un type qui fait du théâtre
avec l’aide du Conseil Général. Des pièces « très mauvaises » sur les Cathares... C’est le mari anglais d’une O’Byrne et il dit toujours beaucoup de mal des
Irlandais ! Elle raconte que ce qui a déclenché les hostilités entre lui
et tous les autres qui le détestent, c’est une scène dans la salle à
manger. « Il mange très, très lentement – ça, il a le droit – et
ma mère aimait beaucoup ses chiens – ils avaient deux chiens – et il était assis à
la droite de ma mère. Alors, quand le plat principal a été fini, ma mère a pris
l’os qu’il avait dans son assiette et l’a mis sous la table. – Et il n’avait
pas fini ? – Il n’avait pas fini ! Oh, là, là, il a été vexé comme un
poux – ou comme un dindon, je ne sais pas comment on dit... Après, quand le
dessert est arrivé – c’était un dessert somptueux de chez ... (pas retenu) – et, alors, quand il a eu sa part, il a pris l’assiette
et l’a mise sous la table sans y toucher. – Oh ! c’est très méchant de faire
ça... – Oui, oh, ma mère s’en fichait... Mais c’est là que les hostilités ont
commencé… »
* Panhard.
* Panhard.
Labels: château
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