Sunday, November 25, 2012

La Clairière préservée


« Quand un événement nous a fascinés, une expression commune dit que « le temps s’est arrêté ». Si cela pouvait être vrai ! Le plus profond, le plus bel effet d’un spectacle serait que les spectateurs cessent de vieillir en y assistant. Je ne vois pas de souhait plus haut. Que le temps daigne un moment s’asseoir parmi le public et surseoir à sa vieille tâche. Qu’une clairière préservée s’ouvre pour tous pendant ce temps. Que le temps lui-même échappe au temps. »






« Le meilleur auteur de science-fiction reste Marcel Proust. Relisons la dernière page de A la recherche du temps perdu, dont précisément le dernier mot est « temps ». Proust a été obsédé par le temps au moins autant que Prigogine. Il faudrait les faire dialoguer. Jusqu’à la dernière page, jusqu’à son dernier mot, Proust semble se demander, presque avec angoisse, s’il aura le temps d’achever son œuvre, le temps de retrouver le temps. Il semble avoir du temps, si profondément uni à son œuvre, une sensation presque tactile qui aide et prolonge la pensée. Nous retrouvons avec lui, au plus haut niveau, cette antique tentative des théologiens et des philosophes : réunir les temps en un temps, fondre l’objectif dans le subjectif. Chaque morceau de son œuvre, si durement conquis sur le temps de chaque jour, semble du même coup s’inscrire dans une espérance d’éternité. »

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