La Fabrique de nostalgie
« Le réel auquel j’ai accès, aussi infime soit-il, en rapport de l’immensité qui m’échappe, doit être tenu pour le bon. »
« Seule la joie nous permet de supporter et de connaître l’étendue de notre malheur. »
« Réjouissez-vous, tout va mal ! »
« Le réel est ce qui est sans double. »
« Le thème, pour moi essentiel, qui apparaît dans un tout premier livre La philosophie tragique (que j’ai écrit à 19-20 ans – ce sont mes parents qui ont dû signer les contrats !) et surtout dans La Force majeure (que j’ai écrit bien après), est le thème de l’approbation de la vie. Le miracle qu’il y a à se sentir très heureux dans un monde dont on sait l’horreur. Je pense tout à fait ce que pense Cioran, à cette différence que je ne conclus pas que la vie est un enfer, mais qu’elle est un paradis. Le problème numéro 1 était, et l’a toujours été depuis, d’expliquer la jubilation, alors que toute la réflexion la condamne. Les deux parties sont comme deux volets d’un même édifice : avec l’idée d’affirmation inconditionnelle de la vie, je me suis intéressé beaucoup à ceux qui n’approuvaient pas la vie, et qui avaient toujours besoin d’une prothèse, d’un double, pour accepter la réalité dure et simple. Comment le manque de cette force majeure faisait qu’on inventait des choses extraordinaires, pour contourner l’affrontement direct avec l’horreur ? Je m’intéresse non seulement au thème de l’illusion mais aussi de la non-illusion : la lucidité. »
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