Monday, December 31, 2012

Les Mélodies françaises



Oui, ce qui a été vécu, les amours, les amours inversées — et l’imagination des amours dans ce qui n’est peut-être que passage du temps — sous les étoiles — et les chevaux dans les prés. Et néanmoins la lecture possible — passage du temps + disparition du temps dans son passage. Message : pas de message. La mort à l’œuvre. L’observation du monde pour se dépêcher de ne dire que ça : le passage du temps et la mort à l’œuvre. Que cette « conscience » à nous donnée est dérisoire ! Qu’as-tu pensé l’année dernière ? Déjà tu montais aux pyramides de Teotihuacan... — qu’as-tu pensé ?

En fait, je m’apercevais que les romans étaient comme des chansons. Qu’il y avait un fond de vérité, un noyau à partir duquel le chanteur déployait son art, mais qu’il s’agissait, bien entendu, d’ouvrages d’art à fredonner. Or, ce qui m’avait intéressé jusque là, pas dans la chanson, mais dans l’écriture, c’était la vérité. Pour la vérité, il fallait une innocence. Il ne fallait pas composer — ou, enfin, que l’innocence dépasse la composition car, bien entendu, d’aligner les mots les uns à côté des autres, c’est déjà de la composition.

Aujourd’hui, Alfredo a un T-shirt vert et je ne suis pas sûr que ce soit lui. Qu’est-ce qu’il fait comme boucan ! La piscine, les travaux... — je le regarde en biais. De plus, il a un chien bien sympathique comme souvent les chiens et bien pouilleux... Un drôle de chien avec les couilles bien épaisses, mais aussi les tétines d’une chienne.

Cela dit, les romans sont aussi des documentaires. Il suffirait d’avoir assez de puissance de cerveau pour les lire (vite) comme des documentaires. (Et puis basta.)

Il ne me manquait qu’une chose : il ne me manquait que l’amour. Gérard Souzay chantait. « Là, tout n’est qu’ordre et beauté / Luxe calme et volupté. » Oui, l’amour. Cette chose essentielle. Fallait-il s’endormir au soleil ?

Bien sûr, Alfredo était un esclave, c’était évident. Je comprenais maintenant ce que c’était — dans ces maisons patriciennes romaines si bien tenues — que d’avoir un esclave. Bien sûr l’esclavage peut être terrible, affreux — le père de Dostoïevski s’est fait lapider par ses serfs (à vérifier), — mais ça peut aussi bien se passer et Alfredo qui s’occupait à l’année de cette maison ensoleillée ne semblait pas souffrir de sa condition.

Le corps, te le transformer par l’amour.

Il y avait — tout était en place — (toute) la possibilité de l’amour. Mon corps brûlant au soleil, abandonné au sol. 
Mais qui cela pouvait-il intéresser ? Il y avait qqch en moi qui n’intéressait plus (ou bien il n’y avait pas en moi qqch qui intéressait). C’était étrange et beau, cet état, d’être disponible pour rien. Jouissance et usure possible pour rien. Beau temps pendant les fêtes. Frugalité, monastère, se livrer à Dieu, se laisser à Dieu... je ne voyais pas d’autres explications ; Dieu qui n’existe pas. le Dispariteur, en effet. Le saccage du Dispariteur...

En attendant, je lisais Le Démon de la Tautologie.

Dans ces villes si polluées, quand je me retrouverai dans ces villes si polluées, comment la beauté si disponible ici pourrait-elle me baigner comme Dieu, pourrait-elle ?

Il y avait ces arbres et Alfredo qui une fois encore avait changé de T-shirt — était-il vraiment le même ? Ces palmes. Bleu clair.

« Il n’y a rien de plus précieux à penser que la réalité. »

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