Thursday, February 28, 2013

Qui servir ?


Mon état d’esprit, je le recopie dans Peter Handke : « et auparavant ces petites durées très belles où je fus tout-au-dehors, dans le vide, près de la gare fermée, sans trains, l’être-au-dehors comme être-là, et maintenant au matin, m’éveillant, cette pensée : durable — à la hauteur — je le serais si seulement je savais qui servir. Mais qui ? Le vide ? Et revint alors cette question qui vous empêche d’avancer : Que dois-je faire ? » Voilà. Le rendez-vous du dentiste avait duré plus longtemp que prévu, alors j’avais loupé mon cours de danse et, vers 11h, sans rien dans le ventre, je trainais parmi les librairies de Saint-Germain-des-Prés. La Hune, L’Ecume des pages. J’achetai 3 livres, finalement, après en avoir tant lus qui ne m’inspiraient pas, qui me déprimaient (ou qui n’arrangeaient rien) parce que : tous ces livres (sur les étals) que j’étais incapable de lire ! Lire pour moi n’est qu’une chose : lire des poèmes. C’est pour ça qu’en général, je suis incapable de partir dans des histoires, des histoires humaines. Rajoutez la psychanalyse là-dedans et c’est foutu. Je baille d’ennui. Il n’y a rien de moins poétique — et par là même de moins littéraire —, pour moi, que la psychanalyse dans les romans. Peut-être, au début — et encore.. l’essai de Pierre Jean Jouve est le seul de ses livres raté (Vagadu). En fait, je pourrais lire les romans comme des poèmes si j’en avais la force. Mais je ne l’ai pas. Je suis, en général, ébloui par la première page, l’incipit, comme par un merveilleux poème en prose, mais, dès la deuxième page, je comprends que tout ceci va avoir une suite. Malheureusement. Et qu’il va falloir suivre. Ce dont je suis incapable. Perdre mon temps à ce point au point de lire les histoires des autres ! Je suis positivement étonné que tout ça se vende. Comment est-ce possible ? Qui ça peut-il bien intéresser ? Faut-il n’avoir rien à faire ! Qu’est-ce que je disais ? Donc j’achetais finalement 3 livres : les Sonnets, de William Shakespeare, en bilingue, dans une nouvelle traduction de Jacques Darras qui m’a semblé très belle. Le poème 59 m’a sauté à la gorge : 
« Si le nouveau n’est pas, si cela qui existe
Fut la même chose qu’avant, pourquoi nos têtes font-elles,
Elles qui cherchent l’invention, une seconde fois l’erreur
De porter même enfant que l’enfant précédent ? 
Ô je voudrais fouiller au passé des archives 
Avec tes yeux d’il y a cinq cents cycles solaires 
pour exhumer tes yeux dans quelque livre antique, 
Aux aubes où l’on confia l’esprit à l’écriture,
Et découvrir ce que le vieux monde disait
De cette merveille d’alliage, ton architecture ;
Nous sommes-nous amendés, valaient-ils mieux que nous,
Ou les cycles ramènent-ils des produits identiques ? » Et la fin, en anglais, est quand même mieux : 
« O sure I am, the wits of former days
To subjects worse have given admiring praise. » 
En quatrième de couverture il est écrit : « une symphonie baroque, échevelée, d’une audace contemporaine et d’une splendeur inépuisable. » 

Puis j’ai acheté, de Goethe, 2 textes sur les nuages.

Puis j’ai acheté, de Peter Handke dont je n’arrive pas (plus) à lire les romans (voir plus haut), un journal qui m’a semblé éblouissant (et bien meilleur que ses romans) des années 87-90. Ce n’est pas vraiment un journal, d’ailleurs, bien mieux — et bien mieux qu’un blog — : des carnets. Et ça s’appelle Hier en chemin



Je n’avais pas fait attention au titre.

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