Saturday, May 18, 2013

Chérie, si on se faisait un petit Chiens de Navarre, ce soir ?


Encore une fois, j’ai été en plein rêve au théâtre des Bouffes du Nord (et ce rêve perpétue). Le théâtre-grotte. J’ai vu quelques fois, quand même, des choses très ratées aux Bouffes du Nord, mais, pourtant, il est invraisemblable d’y rater qqch. S’il fallait que la vie soit bonne et douce, elle le serait aux Bouffes du Nord. Cette fois, j’étais un peu sur le côté, au parterre, et je voyais bien l’ensemble circulaire que formait le théâtre, la scène et la salle, la piste de cirque ; l’effet était renforcé parce qu’il y avait une tourbe sèche au sol, un peu comme la sciure de la piste. C’était pour Les Chiens  de Navarre dans Quand je pense qu’on va vieillir ensemble. Encore une fois, comme lors de mes meilleures soirées dans ce théâtre, j’avais oublié mes lentilles. La « logique floue ». Il faut être précis dans le flou : la précision était sur le plateau. Je n’avais pas vu de spectacle des Chiens de Navarre depuis la générale de leur premier spectacle à Gennevilliers à cause d’une crise de jalousie de Jean-Christophe Meurisse qui m’avait aboyé dessus au moment du transfert de Thomas Scimeca dans leur club. J’avais subi la même avanie avec les Perez-Boussiron pour Marlène. Moi, j’étais ravi que Marlène ou Thomas rejoignent ces groupes forts et plus habilités que moi à leur assurer du travail — pourquoi fallait-il qu’en plus on me le fasse payer ? Mystère de l’inconscient. Toujours est-il que Toto était merveilleux dans ce spectacle. Thomas avait vu que j’étais sur le côté et, moi, j’avais vu qu’il avait vu : je savais qu’il allait jouer pour moi, qu’il n’allait pas m’oublier — eh, oui, Thomas a de ces attentions... Je savais qu’il était touché que je vienne le voir, après l’avoir dédaigné pendant tant d’années, après l’engueulade de Beaubourg. Tout cela faisait que j’étais en plein rêve. Et le spectacle — et sa poésie réaliste — on pourrait même dire sa poésie vulgaire, mais ce serait positif — ne le démentait pas, renforçait cet effet « la vie est un songe ». En fait, je découvrais, ni plus ni moins, un pan de réalité. Un pan du rideau se soulevait, un voile. C’est avec le cœur qu’on connait la réalité. On n’en connait toujours qu’un bout, qu’un amour. Les Chiens de Navarre avait bien bossé pendant toutes ces années. Ils étaient maintenant au sommet, leur art était maintenant grand public et le grand public était grand car libéré, libéré par le rire. Ils avaient inventé une nouvelle forme de rire (même si, je ne sais pas pourquoi, je pensais un peu aux Monty Python). C’était une forme qu’on pouvait retrouver dans la vie. Il fallait l’inventer. J’étais bouleversé de voir Toto enfin à l’Olympia. Phrase culte : il y en aurait des pages, disons : « Si on est une friandise pour soi, on devient un bonbon pour les autres ». J’ai adoré !  Seul bémol : les autres sont bons aussi.

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