S inon rien
Oh, comme il écrit bien, ce
François Simon ! « Bien », ça veut dire : comme il fait plaisir !
Bien sûr, il y a son blog, y a qu’à s’y reporter, mais je résiste pas à vous en
recopier-coller un extrait, juste pour la fierté (Baudelaire parle, je crois, dans La Fanfarlo de ces gens qui aiment les auteurs parce qu’ils imaginent
qu’ils ont écrit eux-mêmes ce qu’ils aiment (sont capables d’aimer). Je me
suis reconnu… Ces citations... Mais celle-ci est nommée. Voilà comment j’aurais
voulu vivre ma vie : être François Simon ou rien ! (Ce sera rien…)
« Paradoxe de ces lieux
cernés par la mer, les habitants s'en détournent. C'est une des grandes phobies
insulaires. L'eau. Il aura donc fallu la dolce vita et les touristes pour
réconcilier les Capriotes avec les vagues turquoise. Ce fut un constant déluge
: Curzio Malaparte, Rainer Maria Rilke, Graham Green, Moravia, Neruda, Lénine,
David Beckham, Gorki... Cherchez l'intrus. Il n'y en a pas. Voici donc Capri,
cet immense rocher tout en promontoires, menton perché. Un concentré vertical,
une sorte d'incantation. Les dieux ne doivent pas être loin. Ils y font la lune
rousse et la lumière phénoménale. Elle est partout, se brise sur les verres
fumés.
Pour Capri, il y a deux
versions. Le rentre-dedans touristique, le côte-à-côte, les caillots de
piétons. De l'autre, de l'exquis, du rare, du collector. Pfuit, vous l'avez
deviné, si avec Alfredo Levi et Enzo Gramsci, nos capitaines hardis, nous nous
levons aux marches du matin, tissons des méditations des heures durant, ce
n'est pas pour vous refourguer des cartes postales. Mais du numéroté. Alors, ce
sera sans hésitation La Fontelina, « spot » chic de chez snob, notre grain à
moudre. Les abords sont admirables. Cessez ainsi de mater les métisses sur les
plages matelassées des yachts ; oubliez ce couple s'étreignant sur la peau
salée d'un Dinghy gonflable : le regard doit se porter tout là-haut : villa de
Malaparte. Si vous avez le référent cinématographique, vous allez connaître un
irrésistible frisson. Souvenez-vous : Le Mépris (1963) de Godard, avec Brigitte Bardot et Michel
Piccoli. « Camille, viens, je veux t'apprendre la mer, les roches, les arbres !
» » La suite, là.
0 Comments:
Post a Comment
<< Home