Sunday, December 01, 2013

L a Amante inglesa (mais le jeu de mot ne passe pas)


« —  Mais parfois ces pensées, elles traversaient le couvercle de plomb ?
— Parfois, oui, elles sortaient pour quelques jours. Je ne suis pas folle, je sais bien qu'elles n'allaient nulle part. Mais au moment où elles me traversaient pour prendre leur vol, j'étais si... , le bonheur était si fort que j'aurais pu croire à de la folie. Je croyais qu'on m'entendait penser, que ces pensées éclataient dans la rue comme des coups de fusil. La rue en était changée. Quelquefois les gens se retournaient sur le jardin comme si on les avait appelés. Je veux dire que j'aurais pu le croire.
— Ces pensées avaient trait à quoi ? à votre vie ?
— A ma vie, elles n'auraient fait se retourner personne. Non, elles avaient trait à bien d'autres choses que moi et mon entourage. Les autres auraient pu les avoir et s'en servir. J'ai eu des pensées sur le bonheur, sur les plantes en hiver, certaines plantes, certaines choses, la nourriture, la politique, l'eau, sur l'eau, les lacs froids, les fonds des lacs, les lacs du fond des lacs, sur l'eau qui boit qui prend qui se ferme, sur cette chose-là, l'eau, beaucoup, sur les bêtes qui se traînent sans répit, sans mains, sur ce qui va et vient, beaucoup aussi, sur la pensée de Cahors quand j’y pense, et quand je n’y pense pas, sur la télévision qui se mélange avec le reste, une histoire montée sur une autre montée sur une autre, sur le grouillement, beaucoup, grouillement sur grouillement, résultat : grouillement etc., sur le mélange et la séparation, beaucoup, beaucoup, le grouillement séparé et non, vous oyez, détaché grain par grain mais collé aussi, sur le grouillement multiplication, et division, sur le gâchis et tout ce qui se perd, etc. etc., est-ce que je sais… »

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