L a Amante inglesa (mais le jeu de mot ne passe pas)
« — Mais parfois ces pensées, elles
traversaient le couvercle de plomb ?
— Parfois, oui, elles
sortaient pour quelques jours. Je ne suis pas folle, je sais bien qu'elles
n'allaient nulle part. Mais au moment où elles me traversaient pour prendre
leur vol, j'étais si... , le bonheur était si fort que j'aurais pu croire à de
la folie. Je croyais qu'on m'entendait penser, que ces pensées éclataient dans
la rue comme des coups de fusil. La rue en était changée. Quelquefois les gens
se retournaient sur le jardin comme si on les avait appelés. Je veux dire que
j'aurais pu le croire.
— Ces pensées avaient trait à
quoi ? à votre vie ?
— A ma vie, elles n'auraient
fait se retourner personne. Non, elles avaient trait à bien d'autres choses que
moi et mon entourage. Les autres auraient pu les avoir et s'en servir. J'ai eu
des pensées sur le bonheur, sur les plantes en hiver, certaines plantes,
certaines choses, la nourriture, la politique, l'eau, sur l'eau, les lacs
froids, les fonds des lacs, les lacs du fond des lacs, sur l'eau qui boit qui
prend qui se ferme, sur cette chose-là, l'eau, beaucoup, sur les bêtes qui se
traînent sans répit, sans mains, sur ce qui va et vient, beaucoup aussi, sur la pensée de Cahors
quand j’y pense, et quand je n’y pense pas, sur la télévision qui se mélange
avec le reste, une histoire montée sur une autre montée sur une autre, sur le
grouillement, beaucoup, grouillement sur grouillement, résultat :
grouillement etc., sur le mélange et la séparation, beaucoup, beaucoup, le
grouillement séparé et non, vous oyez, détaché grain par grain mais collé
aussi, sur le grouillement multiplication, et division, sur le gâchis et tout ce qui se
perd, etc. etc., est-ce que je sais… »
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