T he Velours Of The Estomac
Mon ami Gus que j’ai
poursuivi de mes avances pendant 2 jours et 2 nuits (mais il m’a trouvé drôle —
et je l’ai trouvé à la limite de céder)… avant de partir, je lui montre un
nouveau mot dont j’apprends la définition et qu’il ne connaissait pas, lui non
plus : Dilection :
Amour tendre et purement spirituel porté à qq’un ; préférence parfois
secrète pour qq’un ou qqch. Ça lui plaît beaucoup, il trouve le mot proche
d’« élection » (c’est gagné !) « Dilection »,
c’est Thomas Bernhard qui parle d’Arthur Rimbaud qui « a étreint la vie de
toutes ses forces hors de toute convention, l’arrachant jusqu’aux racines avec
un respect craintif toutefois, une dilection pour la mort ».
Maintenant, Gus est à mes
côtés, mais il regarde pour la ixième fois Série noire, le film avec Patrick Dewaere projeté sur un écran
avec le vidéoproj' et c’est vrai que Patrick Dewaere est vivant et
craquant, ce qui fait que je regrette de vous écrire ce texte. — Que je
cesse ! — Y a Marie Trintignant à poil, aussi, à 15 ans. Elle est bien. C’est un cinéma classique parce qu’il est mal joué. Est-ce qu’il y a maintenant, dans le cinéma français, des films classiques parmi ceux que je ne regarde pas ? Comment savoir avec la propagande qui est faite à chaque fois à chaque
film : « C’est le meilleur du siècle » ? J’aime le cinéma
français quand il est classique — ça prend qq années — et quand je le regarde
avec un vidéoproj' à côté de Gus (qui ne m’expliquera pas l’histoire, bien
que je n’y comprenne rien). Je regarde le cinéma français comme un poème. Un
poème sur un poète : Patrick Dewaere. Marie Trintignant. Etc. Tous mauvais. Tous
poètes. Mer-veil-leux ! (Je ne suis pas ironique.) Certains sont morts. Leur
beauté est précieuse. Le film est trop bien, je me tais — (et Gus m’a fait
tant parler ces derniers jours…) — Oh, merde ! Gus me dit : « Il
faut pas parler des acteurs sinon on n’arrive pas à entrer dans le film ! »
Un film qu’il a déjà vu 1000 fois ! (et moi : 0 fois). Il est beau,
ce film, il y a de l’espace, il y a de l’air… « Dieu est amoureux »,
ça chante. (Ce que je vois dans ce film, c’est qu’ils ont de la place pour
qu’on les voit, les acteurs ; ils font leurs numéros, leur petites
répliques, mais ils ont la place pour qu’on les voit, les acteurs, et ça leur
suffit pour tenir le coup...) (Il a des yeux de Chihuahua, un peu, Dewaere.) (Le
meilleur des scènes, c’est un docu sur lui, drogué, blafard...)
Je suis sorti. Gus ne
supportait pas que j’écrive à ses côtés. Connard… Le film est nul, de toute
façon... Si on voit les films autrement que comme de la poésie, c’est nul.
Dehors, la lune, le vent, la pelouse (détrempée), la mer (à 2 pas), la nuit, le
lopin, la caravane, l’amour, la vie, la solitude, le monde chéri. Je vous
écris de mon pays si proche…
Labels: bretagne
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